Les conservateurs ont ouvert un nouveau front dans la bataille rangée qu'ils mènent depuis des semaines contre Bill Morneau: ils accusent maintenant le ministre des Finances d'avoir vendu des actions tout juste une semaine avant l'annonce d'une nouvelle politique publique qui lui aurait fait perdre 500 000 $.

Lors de la période de questions, lundi, les députés conservateurs ont mitraillé M. Morneau de questions sur le moment précis qu'il avait choisi pour vendre 10 millions $ d'actions de l'entreprise familiale de ressources humaines Morneau Shepell, qui administre aussi des régimes de retraite et d'assurance collective.

Le porte-parole conservateur en matière de finances, Pierre Poilievre, a soutenu à la Chambre des communes que le marché boursier avait connu une baisse lorsque M. Morneau a déposé en décembre 2015 une motion prévenant que le gouvernement allait hausser l'impôt sur le revenu des plus nantis.

Lors de la période de questions, lundi, M. Poilievre a demandé sans relâche au ministre Morneau s'il avait «par pure coïncidence» vendu 680 000 actions de Morneau Shepell une semaine avant cette annonce. Le ministre a évité de répondre directement aux allégations, en répétant qu'il n'avait absolument rien à cacher.

Un porte-parole du ministre a plus tard qualifié ces insinuations de totalement fausses et absurdes - il a même mis au défi le député Poilievre de les répéter à l'extérieur de la Chambre des communes, sans la protection de l'immunité parlementaire.

M. Morneau est depuis des semaines au coeur d'une controverse sur l'éthique. La commissaire aux conflits d'intérêts, Mary Dawson, a ouvert une enquête formelle afin de déterminer si le ministre s'est placé en situation de conflit d'intérêts sur la réforme de la Loi sur les normes de prestation de pension. Certains soutiennent que cette réforme profiterait à la firme Morneau Shepell, dans laquelle le ministre détient environ 21 millions $ en actions.

M. Morneau était encore président du conseil de Morneau Shepell, qu'il avait fondée avec son père, lorsqu'il a été nommé ministre des Finances deux semaines après les élections d'octobre 2015.

Le 7 décembre 2015, le nouveau ministre des Finances déposait en Chambre un «avis de motion de voies et moyens» visant à réduire à 20,5 pour cent le taux d'imposition de 22 pour cent du revenu des particuliers. Pour aider à financer cette «baisse d'impôt pour la classe moyenne», le gouvernement libéral annonçait du même coup un nouveau taux maximal d'imposition de 33 pour cent sur les revenus de plus de 200 000 $.