Le chef du NPD, Jagmeet Singh, juge « inspirante » la victoire de Valérie Plante et de Projet Montréal aux élections municipales de dimanche, d'autant qu'elle affrontait un adversaire de taille en Denis Coderre et qu'elle était perçue comme la négligée durant la campagne avant de l'emporter de manière décisive.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Singh a d'ailleurs affirmé qu'il existe plusieurs atomes crochus entre le NPD et Projet Montréal. Aussi, sa formation politique n'hésitera pas à défendre les dossiers prioritaires de Projet Montréal à la Chambre des communes tels que le financement des transports en commun, les logements abordables et l'aménagement de pistes cyclables.

« Sa victoire m'inspire parce que je suis aussi considéré comme un "underdog" si on me compare à Justin Trudeau. Mais ce que la victoire de Valérie Plante démontre, comme je l'ai déjà dit dans le passé, c'est que le Québec en général est une province tellement progressiste et Montréal est aussi une ville très progressiste. Le Québec est une société qui respecte les valeurs sociodémocrates, les valeurs progressistes. Cela m'encourage parce que l'on peut proposer les mêmes politiques progressistes et on peut établir des liens avec les gens », a dit M. Singh, vêtu de son légendaire complet trois pièces et portant, hier, un turban mauve.

DE RETOUR AU QUÉBEC

M. Singh, qui effectuera sa troisième visite au Québec dans la région de Sherbrooke, mercredi prochain, depuis son élection à la tête du NPD le 1er octobre, a indiqué que des leaders progressistes tels que Valérie Plante pourraient compter sur le NPD à Ottawa pour faire avancer leurs dossiers.

Nous sommes prêts à travailler avec tous les chefs progressistes du monde municipal, qu'il s'agisse de Naheed Nenshi de Calgary, de Gregor Robertson de Vancouver ou Mme Plante à Montréal. En tant que parti fédéral, c'est très important de travailler avec des alliés qui partagent les mêmes valeurs, a-t-il dit.

« On va toujours défendre l'importance du transport en commun, des logements abordables, de la protection de l'environnement, par exemple. »

En entrevue, M. Singh, qui se déplace à vélo été comme hiver, même quand le thermomètre tombe à -30 °C (il possède un vélo pliable qu'il traîne dans ses bagages quand il se rend dans les autres régions du pays), a démontré qu'il brûle d'envie d'en découdre avec le premier ministre Justin Trudeau.

LE « VRAI VISAGE » DES LIBÉRAUX

Si les libéraux ont réussi à séduire les électeurs progressistes aux dernières élections, ils ont montré leur « vrai visage » au cours des derniers mois en abandonnant, par exemple, leur promesse de réformer le mode de scrutin, a dit M. Singh.

« Les progressistes ne sont pas heureux de ce gouvernement. C'est clair qu'on avait de nombreux espoirs. Mais ce que ce gouvernement a fait, c'est de montrer un visage durant les élections et après deux années de pouvoir, il montre son vrai visage. Et il y a beaucoup d'exemples. La réforme électorale en est un. Les changements climatiques en sont un autre. Les jeunes ont appuyé M. Trudeau et les jeunes sont très impliqués dans la lutte contre les changements climatiques. Mais on voit que le gouvernement libéral non seulement ne respecte pas ses promesses, il n'atteindra même pas les cibles des conservateurs. C'est donc pire que sous les conservateurs », a dit M. Singh.

La réforme fiscale et la lutte contre les paradis fiscaux sont deux autres sources de colère, selon lui. « M. Trudeau a dit qu'il défendrait les intérêts de monsieur et madame Tout-le-Monde. Mais on constate que ce gouvernement défend plutôt les plus riches de notre société, que c'est le gouvernement des élites », a-t-il dit.

Pas d'urgence de se faire élire

Jagmeet Singh a indiqué qu'il ne voyait pas l'urgence de se faire élire aux Communes pour le moment. Sa priorité demeure de rencontrer le plus de gens possible d'ici les prochaines élections et de se faire connaître davantage. « Je veux parler aux gens, connaître les enjeux qui les préoccupent parce que c'est différent d'une région à l'autre », a dit le chef néo-démocrate de 38 ans, qui estime que le Québec « est une nation ». Aux prochaines élections, M. Singh a indiqué avoir l'intention de proposer des politiques propres au Québec dans le programme électoral de son parti, conscient que le retour en force du NPD à Ottawa passe par des gains dans la Belle Province. Le NPD détient présentement 16 des 78 sièges au Québec.