La ministre fédérale des Services aux Autochtones, Jane Philpott, a convoqué ses homologues provinciaux et territoriaux à une rencontre d'urgence, au début de l'an prochain, pour discuter du bien-être des enfants autochtones.

Mme Philpott estime que la situation actuelle est comparable à celle des pensionnats qui arrachaient jadis les enfants à leur famille et à leur culture.

La ministre, qui a envoyé une lettre cette semaine à ses homologues provinciaux et territoriaux pour leur demander d'assister à la rencontre, rappelle que le taux d'enfants autochtones pris en charge par les services sociaux au Canada compte parmi les plus élevés au monde.

Elle a déclaré en entrevue que c'est là, selon elle, «la question la plus pressante de (son) nouveau ministère».

Mme Philpott a souligné qu'aucun programme complet n'existe pour réintégrer les jeunes Autochtones dans leur communauté. Il faudra donc impliquer tous ceux qui ont un rôle à y jouer, y compris les Premières Nations, les leaders inuits et métis, les agences de services sociaux et différents groupes communautaires.

Depuis plus d'une décennie, la directrice de la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, Cindy Blackstock, et l'Assemblée des Premières Nations (APN) dénoncent le sous-financement des services d'aide pour les enfants autochtones.

L'APN a d'ailleurs tenu jeudi une «journée d'action», comprenant notamment un rassemblement sur la colline du Parlement, pour exhorter Ottawa à «implanter entièrement et immédiatement» une décision rendue en 2016 par le Tribunal canadien des droits de la personne.

«Il y a encore, (...) c'est une évidence, un écart dans les niveaux de financement», a déclaré le chef de l'APN, Perry Bellegarde, lors d'un point de presse qui s'est tenu après le rassemblement.

Une responsabilité fédérale

M. Bellegarde a rappelé que le Nouveau Parti démocratique avait déposé une motion il y a environ un an, qui avait été adoptée à l'unanimité, réclamant un versement immédiat de 155 millions pour s'assurer que le gouvernement respecte la décision du tribunal.

Bien que les provinces et les territoires aient également un rôle à jouer, il a mentionné que le gouvernement fédéral a la responsabilité de s'assurer que les enfants sur les réserves disposent des ressources nécessaires à leur bien-être.

Mme Philpott a affirmé que le gouvernement est en voie de respecter le jugement du tribunal et a convenu qu'Ottawa avait une «immense responsabilité» dans ce dossier.

«Nous savons que le gouvernement fédéral a besoin de prendre les devants pour devenir un réel partenaire pour réaliser cette tâche», écrit Mme Philpott dans sa lettre.

«Il est temps que nous en fassions plus et que nous agissions plus vite.»

Mme Philpott a fait savoir qu'elle s'était entretenue la semaine dernière avec le sénateur Murray Sinclair, qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation sur les pensionnats autochtones. Selon Mme Philpott, M. Murray lui a dit que ce n'est pas une coïncidence si les provinces ayant les taux les plus élevés d'enfants en foyer d'accueil sont généralement les mêmes provinces ayant eu les plus hauts taux d'enfants autochtones dans des pensionnats.