Le ministre fédéral de l'Immigration, Ahmed Hussen, a dénoncé vendredi le questionnaire de la GRC qui cible les demandeurs d'asile de confession musulmane qui traversent la frontière américaine pour entrer au Québec.

De passage à Vancouver, Ahmed Hussen a dit du document, qui ne serait plus utilisé par les agents, qu'il était «inacceptable (et) incompatible avec les valeurs canadiennes d'égalité pour tous».

Le questionnaire a été utilisé à la frontière canado-américaine de Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec, où des milliers de demandeurs d'asile sont entrés de façon irrégulière au cours de l'été.

Le questionnaire demandait notamment de révéler des opinions sur la liberté de culte, les groupes terroristes islamistes et le voile porté par certaines femmes musulmanes. Il demandait de spécifier la fréquence à laquelle les gens pratiquaient leur religion.

Ahmed Hussen a applaudi la réaction de son collègue Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique, qui a mis fin à cette pratique immédiatement après en avoir pris connaissance.

Scott Bardsley, porte-parole du ministre de la Sécurité publique, a déclaré jeudi que le ministère était préoccupé par certaines questions jugées inappropriées et non conformes aux politiques du gouvernement. Le questionnaire n'aurait été utilisé qu'à un seul endroit.

Interrogée à propos du document, une porte-parole de la GRC a fait savoir qu'il avait été révisé et qu'elle n'offrirait aucun autre commentaire sur le sujet.

Modifications à la Loi sur la citoyenneté

Ahmed Hussen était à Vancouver pour faire la promotion des changements apportés à la Loi sur la citoyenneté qui sont entrés en vigueur cette semaine. Ces modifications assouplissent les critères liés au lieu de résidence et à la langue pour ceux qui demandent de devenir Canadiens.

Depuis mercredi, les résidents permanents n'ont besoin d'avoir vécu au Canada que durant trois des cinq années précédentes pour être admissibles à une demande de citoyenneté, sans nombre minimal de jours par année. Avant ces changements, un demandeur devait avoir résidé au Canada durant quatre des six années précédentes et y avoir passé au minimum 183 jours par an.

La nouvelle loi réduit aussi la fourchette d'âge où les demandeurs doivent démontrer leur maîtrise de la langue et de certaines connaissances. La règle s'applique maintenant pour les demandeurs âgés de 18 à 54 ans, plutôt qu'aux gens de 14 à 64 ans.

Les nouvelles règles permettent aussi de compter le temps passé au Canada avant l'obtention du statut de résident permanent.

«Nous espérons que ces petits pas vont encourager encore plus de résidents permanents à répondre aux critères et à devenir Canadiens», a commenté le ministre Hussen. Ces changements vont permettre à ces gens de devenir des citoyens canadiens plus rapidement, avec plus de flexibilité, leur permettre de joindre notre grande famille et de contribuer encore plus à notre succès économique, social et culturel.»

La nouvelle loi a été sanctionnée en juin, mais certaines clauses ont nécessité un délai.

D'autres changements sont attendus en 2017 et en 2018. L'un d'entre eux va permettre aux agents de la citoyenneté de saisir les documents qu'ils suspectent d'être frauduleux et un autre permettra à la Cour fédérale de révoquer une citoyenneté obtenue grâce à des documents frauduleux.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral de l'Immigration, Ahmed Hussen