« Le gouvernement libéral n'a aucun respect pour les gens qui créent des emplois », dit le chef du Parti conservateur Andrew Scheer à propos de la réforme proposée par le ministre des Finances Bill Morneau

Le chef du Parti conservateur Andrew Scheer invite les électeurs de la circonscription de Lac-Saint-Jean à manifester leur colère contre la réforme fiscale du gouvernement Trudeau par la voie des urnes le 23 octobre.

Une élection partielle doit avoir lieu dans trois semaines dans cette circonscription qu'a représentée à la Chambre des communes l'ancien ministre conservateur Denis Lebel pendant une décennie. Les troupes d'Andrew Scheer ne ménagent aucun effort pour conserver cette circonscription dans le giron conservateur, alors que les libéraux de Justin Trudeau, eux, misent sur la popularité du premier ministre pour causer une surprise.

Pour l'heure, la bataille s'annonce assez serrée entre le candidat conservateur Rémy Leclerc et le candidat libéral Richard Hébert. Le Bloc québécois a confirmé son candidat, Marc Maltais, un syndicaliste bien connu dans la région, cette semaine seulement, alors que la candidate du NPD aux dernières élections fédérales, Gisèle Dallaire, porte de nouveau les couleurs néo-démocrates.

« AUCUN RESPECT »

Dans une entrevue accordée à La Presse, Andrew Scheer a affirmé que l'élection partielle du 23 octobre représentait une occasion en or pour les électeurs d'envoyer un message sans équivoque au gouvernement libéral de Justin Trudeau qu'il doit abandonner cette réforme fiscale, qui soulève la grogne des propriétaires des petites et moyennes entreprises et des agriculteurs, entre autres.

M. Scheer croit aussi que les électeurs doivent profiter de cet appel aux urnes pour démontrer que le gouvernement libéral fait fausse route en voulant légaliser à tout prix la marijuana au plus tard le 1er juillet 2018, alors que les corps policiers, les experts en matière de santé et les provinces pressent Ottawa de reporter cet échéancier.

« Ce n'est pas seulement les propriétaires des petites entreprises et les producteurs agricoles. Ce sont tous les gens qui travaillent pour les PME. Le gouvernement libéral n'a aucun respect pour les gens qui créent des emplois », a lancé Andrew Scheer.

« Le Parti conservateur mène la bataille à la Chambre des communes pour protéger les petites entreprises et tous les gens qui travaillent. Le gouvernement doit apporter de gros changements à cette réforme. Pour le moment, le premier ministre ne semble pas prêt à changer sa position », a-t-il affirmé, d'où l'invitation faite aux électeurs de Lac-Saint-Jean à profiter de l'élection partielle du 23 octobre pour faire entendre raison aux libéraux.

MESURES CONTROVERSÉES

Essentiellement, la réforme du ministre Morneau vise à limiter l'utilisation de sociétés privées par des entrepreneurs, et certains professionnels comme des médecins ou des dentistes, de manière à fractionner leurs revenus entre les membres de leur famille, même si ceux-ci ne travaillent pas pour eux, dans le but d'économiser de l'impôt.

Deux autres mesures soulèvent aussi la controverse. D'abord, Ottawa veut réduire l'accumulation de placements passifs qui ne servent pas à faire croître l'entreprise et éliminer aussi la possibilité de distribuer les revenus réguliers d'une entreprise sous forme de gains en capital, qui sont moins taxés, au lieu de les distribuer sous forme de salaire, par exemple.

En entrevue, M. Scheer a soutenu que le gouvernement Trudeau bernait les Canadiens en affirmant vouloir instaurer un régime fiscal plus équitable puisque la réforme frappe de plein fouet les propriétaires de PME, alors qu'elle ne touche nullement les actionnaires de grandes sociétés, comme le ministre des Finances Bill Morneau, qui a bâti une fortune grâce à sa société Morneau Shepell.

M. Scheer se réjouit d'ailleurs de voir cinq provinces de toutes tendances politiques (Colombie-Britannique, Manitoba, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador) monter aussi aux barricades.

« Cela démontre que le gouvernement doit écouter la population. Parce que ce ne sont pas seulement des gens de l'autre côté de la Chambre des communes qui réclament des changements, ce sont des gens de tous les horizons », a dit M. Scheer.

Les premiers ministres des provinces exigent que cette question soit inscrite à l'ordre du jour de la conférence des premiers ministres qui doit avoir lieu mardi à Ottawa.