À la veille de la septième réunion conjointe des conseils des ministres du Québec et de l'Ontario, la première ministre ontarienne Kathleen Wynne a prononcé un discours «historique», à l'Assemblée nationale, devenant la première première-ministre d'une province à prendre la parole au salon bleu. Voici les grands thèmes de son allocution.

Diversité 

Après avoir remercié l'ensemble des parlementaires québécois d'avoir accepté de l'accueillir à l'Assemblée nationale, Kathleen Wynne a vanté la coopération entre le Québec et l'Ontario, dont les relations politiques et commerciales s'enracinent dans l'histoire. La première ministre ontarienne a rappelé les origines françaises du premier ministre Philippe Couillard, ses propres origines écossaises et a ensuite parlé des peuples autochtones et des nouveaux arrivants, prenant en exemple l'auteure québécoise Kim Thúy comme un modèle d'intégration. «Kim Thúy a fait sien le caractère distinct de son pays d'adoption. Elle a fait sienne la beauté de la langue française, qui est au coeur de l'identité du Québec. Toutefois, dans ses histoires, comme dans celles de tous les habitants du Québec, un élément concerne également l'ensemble du Canada: un hommage aux différentes identités que chacun d'entre nous possède, que nous possédons ensemble en tant que pays.» 

Vers une université unilingue française  

Les droits linguistiques des Franco-Ontariens ont été abordés dans le discours de leur première ministre, qui a profité de son passage dans la seule province unilingue française du Canada pour rappeler des engagements de son gouvernement en matière linguistique en Ontario. «L'Ontario s'emploie [à défendre les droits des francophones] de plusieurs façons, en commençant par la mise en place d'un système d'éducation en langue française qui compte plus de 425 écoles francophones au service des jeunes Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes. Dans toute la province, nous encourageons l'ensemble de nos enfants au bilinguisme grâce à des programmes d'immersion en français. Ainsi, nous renforçons le dynamisme et l'unité du Canada. Et nous prévoyons de créer la première université entièrement francophone de l'Ontario dans les prochaines années.» 

Une économie à deux vitesses 

Si le Québec et l'Ontario sont sur la bonne voie en terme de croissance économique, estime Kathleen Wynne, la première ministre ontarienne a rappelé lors de son discours ses grandes positions en matière d'emploi, notamment l'augmentation dès 2019 du salaire minimum à 15 $. «Les entreprises n'ont jamais créé autant de richesse. Mais il est de plus en plus difficile de faire en sorte que ces retombées profitent au plus grand nombre et de façon équitable », a déploré Mme Wynne. En plus de la question du salaire minimum, l'Ontario travaille sur un projet pilote portant sur le revenu de base. «Nous devons en effet étudier la meilleure manière de soutenir les personnes essayant de se remettre sur pied dans une économie incertaine.» 

Unité canadienne 

En conclusion, la première ministre ontarienne a profité de sa tribune pour promouvoir l'unité canadienne et la coopération interprovinciale. «Notre pays est une fédération dans laquelle chacun non seulement respecte les particularités de l'autre, mais les admire et les apprécie aussi. Nous sommes conscients de la force que peut apporter la prise en compte de nos différences respectives. Contempler le monde nous montre à quel point nous sommes chanceux. D'être voisins sur ce continent. D'être partenaires dans un pays que beaucoup envient, et d'être un point de repère en période difficile », a déclaré la première ministre. «Réaffirmons notre engagement en faveur d'un partenariat rapproché visant à mieux servir la population que nous représentons. De consolider notre lien - dans l'intérêt des populations québécoise, ontarienne et canadienne. De prendre conscience et de se souvenir qu'en tant que provinces, qu'en tant que population, nous sommes plus forts lorsque nous collaborons. Un Ontario plus fort, un Québec plus fort et un Canada plus fort.»