Il est important de protéger la rivière des Outaouais, a affirmé lundi la ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, qui refuse toutefois de se prononcer sur le bien-fondé du projet de dépotoir nucléaire de Chalk River.

«C'est vraiment important de protéger la rivière des Outaouais, a-t-elle souligné. Il y a un processus d'évaluation environnementale qui se passe. Ça, ça va être très important. Je sais qu'on veut entendre beaucoup de gens et c'est important pour prendre la décision.»

La ministre s'en remet donc au processus d'évaluation environnementale mené par la Commission canadienne de sûreté nucléaire.

Elle a tenu ces propos en marge d'une conférence de presse, lundi, pour annoncer la désignation de la rivière des Outaouais comme lieu historique par le gouvernement du Québec.

«Est-ce que c'est juste du marketing et de l'image ou si ça a une réelle valeur?», a réagi la chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, en entrevue. Elle craint une contamination du cours d'eau qui approvisionne certaines villes québécoises en eau potable.

«Si c'est réel, les gouvernements du Canada et du Québec devraient dès maintenant demander à Laboratoires nucléaires canadiens de refaire ses devoirs parce que c'est un site qui est insensé. Le processus de consultation, avant même qu'il soit commencé, on le sait que ça n'a pas de bon sens ce site-là.»

Les Laboratoires nucléaires canadiens veulent aménager ce qu'ils nomment une installation de gestion des déchets près de la surface qui recevrait les déchets radioactifs des Laboratoires de Chalk River, situés près de 200 kilomètres à l'ouest d'Ottawa et Gatineau.

Ce dépotoir serait situé en Ontario, à un kilomètre de la rivière des Outaouais. Il pourrait accueillir environ un million de mètres cubes de déchets radioactifs de faible et de moyenne intensité jusqu'en 2070.

Des sols et des matériaux contaminés par la radioactivité depuis des décennies se trouvent déjà à proximité de la rivière des Outaouais sur le site des Laboratoires nucléaires de Chalk River et c'est pour en disposer de façon sécuritaire qu'un dépotoir nucléaire doit être construit, selon les responsables du projet.

«On peut dire qu'on fait face à une crise de confiance par rapport aux évaluations environnementales dans ce pays et Chalk River fait certainement partie de cette crise de confiance-là», a soutenu le directeur général du groupe écologiste les Sentinelles de la rivière des Outaouais, Patrick Nadeau, lundi.

«Le gouvernement dont faire partie Mme McKenna va devoir s'asseoir et réviser cette loi pour s'assurer qu'on a des processus qui reflètent les préoccupations des gens», a-t-il ajouté.

Il espère que la désignation historique permettra de sensibiliser la population au «joyau et au patrimoine inestimable» que constitue la rivière des Outaouais.

La ministre McKenna a rappelé que son gouvernement a déjà entamé des démarches pour restaurer la confiance du public dans le processus d'évaluation environnementale.

«C'est vraiment important d'avoir un processus d'évaluation environnementale qui a le respect du public, c'est pourquoi on travaille fort pour avoir un nouveau processus qui va assurer que les bons projets peuvent aller de l'avant, mais aussi qu'ils protègent l'environnement», a-t-elle dit.

La réforme du processus d'évaluation environnementale ne s'appliquera pas au projet de dépotoir de déchets nucléaires de Chalk River, a confirmé le bureau du ministre fédéral des Ressources naturelles, Jim Carr, la semaine dernière.

Ce projet est analysé en vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, modifiée en 2012 par le gouvernement de Stephen Harper.