Le premier ministre Justin Trudeau a profité de son passage au congrès Metropolis, à Montréal, pour louanger les villes qui, a-t-il lancé, assument «60% des services» aux citoyens alors qu'elles ne reçoivent que 10% des impôts.

«Il y a eu longtemps cette idée que c'étaient le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux qui devaient contrôler l'argent parce qu'on ne pouvait pas tout à fait faire confiance aux municipalités de bien savoir dépenser, de bien établir les priorités», a affirmé M. Trudeau lors d'un panel en compagnie des maires de Paris, Anne Hidalgo, et de Montréal, Denis Coderre.

«Or, ce que les villes en général, et certainement les grandes villes, ont démontré, c'est que livrer 60% des services avec 10% des revenus d'impôt, ça exige une discipline, une capacité d'innover et de livrer un bon rapport coût/bénéfices. Ça fait des villes des partenaires essentiels dans la livraison de services de façon efficace et responsable pour les citoyens.»

Près de 150 maires des principales villes du monde et 1500 délégués participent au congrès Metropolis cette semaine pour discuter d'enjeux qui les touchent, comme les changements climatiques et le terrorisme.

À l'instar de Mme Hidalgo et de M. Coderre, Justin Trudeau a plaidé en faveur de la collaboration entre les différents ordres de gouvernement. Il a rappelé qu'au moment de l'adoption de la Constitution de 1867, 80% des citoyens habitaient à la campagne et 20% en ville - des proportions complètement inversées aujourd'hui.

«Nous desservons les mêmes citoyens, alors il faut qu'on travaille ensemble tout en respectant évidemment les champs de compétence. [...] Les citoyens veulent avoir les opportunités, les infrastructures et les services dont ils ont besoin. Ils sont un peu indifférents de qui est en train de livrer. Il faut juste que ça fonctionne.»

Trump fait jaser

Lors de son mot d'ouverture, mardi matin, Denis Coderre a annoncé que les participants à Metropolis adopteraient une déclaration pour manifester leur soutien à l'accord de Paris sur le climat. Le maire a qualifié de «non-sens» la décision du président américain Donald Trump de retirer son pays de cette entente.

Le message a bien été accueilli. «Quand on signe pour l'accord de la COP 21, on engage le pays. Il faut respecter ces accords. Et ce n'est pas juste un accord, c'est le climat. M. Trump se trompe», a réagi Jean Roatta, maire adjoint de Marseille, en France.

Pour le maire de Québec, le retrait américain pourrait avoir l'effet contraire que celui désiré, soit de fouetter la communauté internationale, plutôt que la décourager. «M. Trump ne comprend peut-être pas toujours les conséquences de ses actes, mais il a fait en sorte qu'on est à l'unisson derrière COP 21. Personnellement, sachant ce qu'il fait, je vais travailler plus fort pour appuyer l'accord à Québec. Il a provoqué cela chez moi, et je ne suis pas le seul. Il y a des entreprises aussi qui vont mettre plus d'efforts. Dans le fond, on doit quasiment le remercier, ce pauvre homme», a déclaré Régis Labeaume.

L'enjeu de la sécurité

La multiplication des attentats terroristes dans les principales villes du monde se trouvera également au coeur des débats. Le premier ministre Philippe Couillard a appelé à faire face à la menace sur deux fronts. «Il faut combattre le terrorisme sans compromis avec la même dureté que ces gens combattent notre civilisation. Mais il faut également prévenir le terrorisme et la radicalisation», a-t-il dit aux participants de Metropolis. Citant le Centre de la prévention de la radicalisation, il a indiqué que d'autres initiatives seront dévoilées sous peu au Québec.

«Les attentats, que ce soit en France ou ailleurs, il n'y a pas de barrières sur cet intégrisme, sur ces bandits, ces voyous et ces assassins. Sur cela aussi, il faut une solidarité», a plaidé Jean Roatta.

Régis Labeaume a dit espérer en apprendre davantage sur les initiatives des autres villes, mais a admis ne pas croire en «une solution miracle». Sa ville ayant été le théâtre d'une triste attaque contre une mosquée, le maire de Québec a estimé que l'auteur de l'attentat était «le fruit de l'intolérance».

Alors que les problèmes de terrorisme se trouvent au coeur des échanges, le congrès se déroule sous haute sécurité. Des mesures importantes ont été déployées autour du Palais des congrès, et la présence policière s'est fait fortement sentir.