La juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverley McLachlin, tirera sa révérence le 15 décembre prochain.

Son départ a été annoncé lundi après-midi par voie de communiqué.

«Ce fut un grand privilège de servir la Cour suprême du Canada pendant autant d'années, d'abord en tant que juge, puis en tant que juge en chef», y affirme la juge McLachlin.

Lorsque la magistrate de la Colombie-Britannique quittera son siège, dans environ six mois, elle le fera en établissant deux marques historiques.

La première, qui restera dans les annales, est celle d'avoir été la première femme nommée au prestigieux poste de juge en chef.

La seconde est celle de la longévité: avec ses 18 années passées dans la chaise de juge en chef, Beverley McLachlin a établi un nouveau record.

Le premier ministre Justin Trudeau a souligné les réalisations «inégalées dans l'histoire du Canada» de cette «pionnière» et «chef de file du monde judiciaire».

«Après 28 ans au sein de la Cour suprême du Canada, elle a contribué à l'avancement de tous les aspects de notre droit», a-t-il soutenu par voie de communiqué.

La ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a abondé dans le même sens.

«Elle nous a aidés, comme pays, à définir et à faire évoluer la loi et la Constitution, et elle a rendu tant de décisions phares qui ont contribué à mieux définir qui nous sommes en tant que Canadiens», a-t-elle offert en mêlée de presse.

«Elle a assuré sa place dans l'histoire de notre pays, dans notre histoire juridique», a tranché la ministre Wilson-Raybould.

Le leader néo-démocrate Thomas Mulcair a ajouté sa voix à ce concert d'éloges, saluant une «très grande juriste qui aura marqué son époque».

On se souviendra que Beverley McLachlin a fait partie, puis a été à la barre, d'une cour qui aura été un modèle de «défense et protection des droits de la personne (...) «à une époque où l'on apprenait à appliquer la Charte canadienne des droits et libertés», a-t-il ajouté.

Du côté du Parti conservateur, on a été moins dithyrambique.

Les deux députés que la formation a dépêchés pour réagir à l'annonce se sont essentiellement contentés de féliciter la juge pour ses quelque 30 ans de service à la Cour suprême.

Il faut dire que pendant la décennie au pouvoir des conservateurs, les pommes de discorde ont été nombreuses entre les pouvoirs exécutif et judiciaire.

Les tensions ont atteint leur paroxysme - et pris une tournure personnelle - en 2014, alors que le premier ministre Stephen Harper avait publiquement critiqué la juge Beverley McLachlin.

Le dirigeant conservateur lui avait reproché d'avoir mis en garde Ottawa sur la nomination - finalement invalidée - du juge québécois Marc Nadon à la Cour suprême du Canada.

Ce sera maintenant à Justin Trudeau de nommer un juge et de désigner le successeur de Beverley McLachlin à la barre du plus haut tribunal au pays.

Il s'agira pour lui d'une première nomination.

En vertu de la Loi sur les juges, un magistrat de la Cour suprême peut participer aux jugements sur les affaires entendues avant la date de sa retraite pour une période maximale de six mois après son départ à la retraite.