Human Rights Watch ainsi que des groupes représentant des réfugiés birmans au Canada ont appelé Justin Trudeau à inciter Aung San Suu Kyi, durant sa visite à Ottawa, à permettre la mise en branle d'une enquête indépendante sur les cas allégués de violation de droits de la personne à l'égard de la minorité musulmane au Myanmar.

La conseillère d'État de la République de l'Union du Myanmar et citoyenne canadienne honoraire est en visite dans la capitale fédérale cette semaine et a rencontré le premier ministre mercredi.

Jusqu'à maintenant, Mme Suu Kyi a résisté aux appels à une enquête indépendante sur de vastes violations présumées des droits de la personne ciblant la minorité ethnique des Rohingyas dans l'État de Rakhine, dans l'ouest du Myanmar.

Une telle demande est essentiellement venue d'une commission spéciale des Nations unies présidée par l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.

La directrice de Human Rights Watch pour le Canada, Farida Deif, a pressé M. Trudeau de profiter de la rencontre avec la dirigeante birmane sur la colline du Parlement pour l'inciter à répondre par la positive à l'appel de l'ONU.

Le premier ministre canadien n'a toutefois pas fait mention de l'enjeu entourant les Rohingyas au cours d'une brève apparition en compagnie de Mme Suu Kyi à l'occasion d'une séance de photos. Tous deux ont échangé des politesses dans le bureau de Justin Trudeau.

Mais durant la rencontre, M. Trudeau l'a encouragée à travailler avec l'ONU, a dit son porte-parole.

«Nous avons du chemin à faire avant de devenir un État fonctionnel, démocratique et fédéral comme le vôtre, mais je suis certaine que nous y arriverons», a dit Mme Suu Kyi à M. Trudeau.

Mme Suu Kyi est à la fois une ancienne prisonnière politique, une défenseure des droits de la personne et une lauréate du prix Nobel de la paix.

Le bureau du premier ministre soutient que ce dernier a abordé la question d'une enquête indépendante au cours de leur rencontre, mais sans entrer dans les détails.

Dans un communiqué, le bureau du premier ministre annonce l'octroi de 8,8 millions de dollars destinés à l'aide humanitaire au Myanmar ainsi qu'à «l'avancement de la paix et de la stabilité» dans ce pays d'Asie du Sud-Est.

«Ces contributions aideront à protéger les droits de la personne, à soutenir la consolidation de la paix et à promouvoir la participation des femmes au processus de paix national», souligne-t-on.

Le premier ministre a en outre fait part de ses condoléances concernant les victimes d'un écrasement d'avion militaire qui transportait plus de 100 personnes survenu mercredi.

L'organisation Karen Community of Canada, qui représente des réfugiés issus du groupe ethnique Karen, demandait aussi au premier ministre de plaider pour une enquête sur de possibles cas de violation des droits de la personne.

Dans une lettre ouverte adressée à M. Trudeau, on dit espérer que la visite de Mme Suu Kyi ne soit pas l'occasion d'une célébration marquée par une atmosphère bon enfant au cours de laquelle la question des abus en matière de droits de la personne serait balayée.

Depuis un an, la lauréate du prix Nobel de la paix fait face à une vague de critiques. Certains arguent que le gouvernement qu'elle dirige rend possibles de vastes violations des droits de la personne ciblant la minorité ethnique des Rohingyas dans l'État de Rakhine, dans l'ouest du Myanmar.