La décision du gouvernement Trudeau de suspendre les négociations avec Boeing relativement à l'achat de 18 avions de chasse Super Hornet, tant que la société américaine n'abandonnera pas sa plainte selon laquelle Bombardier aurait bénéficié d'avantages injustes pour vendre ses avions CSeries aux États-Unis, est une autre preuve que le déficit de capacité qui guetterait les Forces canadiennes est une chimère, estime le Parti conservateur.

Au cours des derniers jours, deux ministres - la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland et le ministre de la Défense Harjit Sajjan - ont affirmé sans ambages que le gouvernement Trudeau pourrait revenir sur sa décision d'acheter des avions de chasse de Boeing si l'entreprise ne retire pas la plainte qu'elle a formulée auprès de la Commission du commerce international des États-Unis (ITC).

Et jeudi, le député Steven Mackinnon, le secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement Judy Foote, a déclaré que les pourparlers avec Boeing avaient été suspendus.

Devant l'ITC, Boeing a réclamé l'imposition de droits compensatoires sur les avions de Bombardier en faisant valoir que la multinationale de Montréal, qui tente de s'imposer sur le marché de la vente d'avions, profite de subventions gouvernementales lui qui lui donne un avantage indu à l'international.

Selon le député conservateur Pierre Paul-Hus, la décision de suspendre les pourparlers ainsi que les déclarations des ministres Freeland et Sajjan, démontrent hors de tout doute que le gouvernement Trudeau improvise dans le dossier du remplacement de la flotte vieillissante des CF-18.

Rappelons que le gouvernement Trudeau a annoncé en novembre avoir l'intention d'acheter 18 chasseurs Super Hornet de Boeing en attendant de lancer un nouvel appel d'offres pour remplacer les CF-18. Au moment de l'annonce, le ministre Sajjan avait évoqué un possible déficit de capacité des Forces armées canadiennes pour justifier cette solution.

Mais le député Pierre Paul-Hus soutient que la menace brandie par les ministres à l'endroit de Boeing et la décision de suspendre les pourparlers avec le constructeur viennent confirmer que le déficit de capacité était une fabrication de toutes pièces, rappelant au passage que les libéraux ont promis durant la dernière campagne électorale d'écarter les avions de chasse F-35 d'un éventuel appel d'offres, même si cette dernière option s'avère la meilleure pour les Forces armées canadiennes.

«Depuis le début, le gouvernement libéral improvise dans ce dossier. Il vient de le démontrer une fois de plus cette semaine », a indiqué à La Presse le député Pierre Paul-Hus. « Tout cela sent mauvais. D'autant plus que tout le monde est unanime pour dire que l'achat de 18 Super Hornet est loin d'être la meilleure option pour les Forces armées. La meilleure option, ce serait de lancer un appel d'offres en bonne et due forme, et permettre à toutes les entreprises, y compris Lockheed Martin (F-35), d'y participer », a ajouté le député conservateur.

Dans les heures qui ont suivi le dépôt de la plainte de Boeing, le mois dernier, la ministre Chrystia Freeland a déclaré que cette démarche de la société américaine forcerait  le gouvernement Trudeau à « examiner ses approvisionnements militaires actuels liés Boeing».

Et cette semaine, le ministre Harjit Sajjan en a rajouté en déclarant, dans un discours devant des dirigeants d'entreprises du secteur de la défense à Ottawa, que Boeing ne se comporte pas comme un « partenaire de confiance » du Canada, et que l'entreprise devrait retirer sa plainte contre Bombardier.