La candidate retenue par Justin Trudeau pour le poste de commissaire aux langues officielles a eu des échanges avec ses deux plus proches collaborateurs pendant le processus de nomination.

L'intégrité du processus de nomination du gouvernement libéral a été sérieusement remise en question avec les révélations faites par Madeleine Meilleur lors de sa comparution devant le comité des langues officielles, jeudi.

Les députés de l'opposition n'en attendaient probablement pas tant. Mais à force de talonner l'ancienne ministre libérale ontarienne, ils ont appris que cette dernière avait eu un accès privilégié à l'entourage du premier ministre qui l'a désignée commissaire.

Ainsi, Madeleine Meilleur a dévoilé avoir eu des conversations avec son secrétaire principal Gerald Butts et qu'elle avait «pris un café» avec sa chef de cabinet, Katie Telford. Ces deux personnes sont considérées comme parmi les plus influentes du gouvernement.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, n'en revenait pas. «C'est un processus opaque, factice, de consultation. (...) C'est ce qu'on a appris aujourd'hui», a-t-il lâché en mêlée de presse à l'issue de la rencontre du comité.

L'ancienne députée d'Ottawa-Vanier a trouvé cette entrée en scène pénible. «Je savais que ça n'allait pas être facile aujourd'hui, a-t-elle laissé tomber après sa comparution. C'est difficile (...) quand on remet en question mon intégrité.»

Les députés qui l'ont talonnée en comité ont insisté à maintes reprises que leurs récriminations concernaient le processus de nomination plutôt que les compétences de la Franco-Ontarienne.

Mais la séance a donné lieu à des échanges corsés, notamment entre elle et Thomas Mulcair.

Lorsque ce dernier a soulevé sa proximité avec le Parti libéral du Canada (PLC) et ses contributions financières tant au parti que pour la course au leadership de Justin Trudeau, elle a riposté qu'elle ne pouvait «effacer 13 ans de vie politique partisane».

«C'est justement ça le problème, Mme Meilleur», lui a répliqué le leader du tac au tac, soutenant que le premier ministre Trudeau a «fait une erreur» en la sélectionnant.

«Vous n'avez pas cette distance critique, lui a balancé le chef. Vous êtes trop collée sur les libéraux.»

L'ancienne élue provinciale, qui s'est retirée de la vie politique en juin dernier, après une carrière de 13 ans à Queen's Park, a défendu son impartialité.

Elle a promis qu'elle serait «très non partisane» si sa nomination à ce poste d'agent du Parlement est confirmée et fait valoir qu'elle «aimerait bien que les gens (l)'évaluent sur ce (qu'elle) ferait».

Lorsque la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a confirmé cette nomination, lundi dernier, elle a assuré que le choix avait été effectué à l'issue d'un processus «ouvert et fondé sur le mérite».

L'ancienne politicienne se présentait devant les députés du comité des langues officielles quelques jours après cette annonce.

Les conservateurs et les néo-démocrates essaient de lui barrer la route, car ils estiment que le premier ministre a laissé la partisanerie guider son choix et qu'il n'a pas dûment consulté leurs chefs comme le prévoit la Loi sur les langues officielles.

Les leaders parlementaires des deux formations ont donc fait un rappel au règlement à la Chambre des communes, mercredi, pour demander des clarifications à cet égard.

Le président de la Chambre, Geoff Regan, n'avait pas encore rendu son verdict, jeudi matin, mais cela n'empêche pas la comparution de Mme Meilleur devant le comité.

En vertu de la Loi sur les langues officielles, sa nomination doit être approuvée par la Chambre des communes et par le Sénat.

Le comité sur les langues officielles disposera de 30 jours au préalable pour examiner la candidature et en faire rapport aux députés.