Alors que les relations canado-américaines connaissent une période de turbulences depuis son départ de la Maison-Blanche, l'ancien président des États-Unis Barack Obama débarquera au pays le 6 juin afin de prononcer un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Cette visite - la première de M. Obama au Canada depuis qu'il a quitté ses fonctions il y a quatre mois et demi - surviendra alors que l'administration de Donald Trump menace de déchirer l'Accord de libre-échange nord-américain après avoir imposé des droits compensateurs sur les exportations canadiennes de bois d'oeuvre, le mois dernier.

Va-t-il se prononcer sur l'état des relations entre les deux capitales depuis son départ ? Osera-t-il prodiguer quelques conseils sur la manière de composer avec un président aussi imprévisible que Donald Trump, qui est en train de mettre la hache dans les grandes réalisations de son administration, notamment l'Obamacare ? Ou voudra-t-il respecter le devoir de réserve que s'imposent les anciens présidents, une fois qu'ils ont quitté la Maison-Blanche ? Ces questions demeuraient sans réponse, hier, La Presse n'ayant pu obtenir les commentaires du porte-parole de M. Obama, Kevin Lewis, à Washington.

Chose certaine, la venue à Montréal du 44e président des États-Unis semble avoir pris par surprise le bureau du premier ministre Justin Trudeau, qui était incapable de dire hier soir si ce dernier comptait modifier son horaire afin de rencontrer celui avec qui il avait noué une « bromance » à l'époque où M. Obama était toujours l'homme fort de Washington.

L'ancien président n'a d'ailleurs jamais caché son admiration pour Justin Trudeau, le recevant en mars 2016 en grande pompe à Washington à l'occasion d'un dîner d'État - un honneur offert à un premier ministre canadien pour la dernière fois en 1997, quand Bill Clinton avait accueilli Jean Chrétien.

Selon certains experts, M. Obama a vu en Justin Trudeau l'homme politique capable de porter le flambeau du mouvement progressiste en raison notamment de sa volonté de combattre les inégalités et les changements climatiques.

COUP FUMANT

Pour la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), attirer Barack Obama dans la métropole pour y prononcer un discours constitue un coup fumant, l'ex-président démocrate étant reconnu pour ses talents d'orateur.

« C'est un honneur d'accueillir un invité aussi prestigieux à la Chambre alors que Montréal célèbre son 375e anniversaire », a indiqué hier le président Michel Leblanc.

Il a soutenu que M. Obama « fai[sai]t partie de ceux qui marquent l'histoire et inspirent les jeunes du monde entier. »

Photo Kevin Lamarque, archives Reuters

Selon certains experts, Barack Obama a vu en Justin Trudeau l'homme politique capable de porter le flambeau du mouvement progressiste.

Dès la fin du mandat de M. Obama en janvier dernier, la CCMM a sollicité l'ancien président pour qu'il présente sa vision des grands enjeux mondiaux, à Montréal. Les discussions viennent de se conclure, ce qui est « un très bon coup », souligne-t-on à la Chambre. On demeure toutefois discret sur le cachet versé à M. Obama.

Dès demain, la Chambre précisera les modalités d'inscription à l'événement sur son site internet. Quelque 6000 personnes sont attendues au Palais des congrès.

« À un moment où le monde est en quête de plus de certitude et de stabilité, et dans le contexte de la mondialisation, qui nous force à repenser nos modèles économiques et démocratiques actuels, nous sommes heureux de recevoir une personne qui s'est consacrée à la promotion des droits humains, aux accords de libre-échange, à la diplomatie et au développement économique. M. Obama a démontré que des relations harmonieuses entre les nations constituaient un moyen puissant de favoriser la paix, le commerce et le développement de nouveaux marchés », a fait valoir M. Leblanc.

APPUI À EMMANUEL MACRON

Depuis qu'il a quitté la présidence, Barack Obama a prononcé quelques discours pour soutenir certaines causes. Récemment, il s'est aussi efforcé de freiner l'élan du populisme qui a mené au Brexit en Europe et à la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle en donnant ouvertement son appui à Emmanuel Macron dans la course à la présidence française.

Il a notamment mis en ligne un message vidéo sur le compte Twitter de M. Macron, dans lequel il a expliqué son appui au candidat centriste. « L'élection française est d'une importance capitale pour l'avenir de la France et les valeurs que nous chérissons », a-t-il notamment affirmé.

La CCMM a accueilli d'autres invités de marque dans le passé, notamment le président de France Nicolas Sarkozy, la secrétaire d'État des États-Unis Hillary Clinton, le premier ministre de France Manuel Valls, le président des États-Unis Bill Clinton, l'ex-maire de New York Rudolph Giuliani, le président de Russie Mikhaïl Gorbatchev, le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, le premier ministre de Grande-Bretagne Tony Blair et le président des États-Unis George W. Bush.

- Avec Kathleen Lévesque, La Presse