Le comité d'éthique du Sénat ne sait toujours que faire du cas du sénateur Don Meredith, qui a plongé la chambre haute dans l'embarras après qu'il eut été révélé qu'il avait entretenu une relation sexuelle avec une adolescente de 16 ans.

La présidente du comité, la sénatrice conservatrice Raynell Andreychuk, a déclaré à l'issue d'une rencontre s'étant tenue mardi matin qu'il s'agissait d'un «dossier complexe» qui se devait d'être étudié davantage. Elle n'a pas précisé quand le verdict pourrait tomber.

La séance se déroulait à huis clos, et les médias ont été tenus à l'écart de certains points d'accès que le sénateur indépendant, qui a été exclu du caucus conservateur en juin 2015, après que cette histoire eut éclaté, pouvait emprunter pour pénétrer dans la salle de réunion.

Le sénateur Meredith a été furtivement aperçu à l'issue de sa comparution devant le comité, qui aura duré près de trois heures, alors qu'il s'est faufilé dans une cage d'escalier de l'édifice où se trouve son bureau.

Il ne s'est pas adressé aux journalistes, laissant ce soin à son avocat, Bill Trudell. Ce dernier a signalé que le dossier de son client, qui est en congé de maladie depuis quelques semaines, n'était pas encore réglé. Il a exhorté le public à ne pas préjuger de l'issue du processus.

Un rapport publié en mars par la conseillère à l'éthique du Sénat a conclu que le sénateur, qui est aussi un pasteur pentecôtiste, a enfreint «les normes les plus élevées de dignité inhérentes à la charge de sénateur» et que sa conduite avait «déprécié l'institution du Sénat».

Le comité sénatorial sur l'éthique et les conflits d'intérêts s'est ensuite saisi de la question. Il doit fournir ses recommandations sur le sort qui devrait être réservé à Don Meredith, notamment à savoir si le Sénat a le pouvoir constitutionnel de l'éjecter de son siège.

Les sénateurs sont divisés sur cette question.

Le sénateur André Pratte a pour sa part affirmé qu'il serait «extrêmement déçu» d'apprendre que la chambre haute ne peut montrer la porte à un homme qui a selon lui clairement violé le code d'éthique.

«Ce serait, à mon avis, un aveu de faiblesse assez important de voir qu'on ne peut pas exclure quelqu'un qui a commis une faute aussi grave», a-t-il dit en mêlée de presse dans l'édifice où se tenait la rencontre secrète.

Plusieurs sénateurs, au premier chef le représentant du gouvernement libéral à la chambre haute, Peter Harder, ont publiquement invité le sénateur Don Meredith à céder volontairement son siège au Sénat.

D'autres encore ont fait valoir qu'il était important de respecter la présomption d'innocence.

La sénatrice indépendante Anne Cools, elle, s'est portée à la défense de ce collègue empêtré dans un scandale sexuel. En s'immisçant ainsi dans une affaire relevant de la «vie privée», le Sénat s'engagerait sur «une pente glissante», a-t-elle suggéré mardi.

Et si elle a ajouté que la victime présumée avait «certainement (sa) sympathie», la sénatrice Cools a tenu à faire remarquer que la jeune femme impliquée dans cette affaire «avait l'âge de consentement».

Quelques jours après la publication du rapport accablant de la conseillère à l'éthique du Sénat, le sénateur Meredith a signalé qu'il n'avait pas l'intention de démissionner et demandé pardon pour son «échec moral».

«J'ai fait une grave erreur de jugement, dans mes interactions. J'en suis profondément désolé», a déclaré à La Presse canadienne le sénateur âgé de 52 ans, qui a été nommé à la chambre haute par l'ancien premier ministre Stephen Harper.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a demandé mardi au premier ministre Justin Trudeau de cesser de «jouer la carte de l'impuissance» en se cachant derrière l'argument de l'indépendance du Sénat lorsqu'on l'interroge sur les problèmes qui le minent.

«Le premier ministre Trudeau nous avait promis un Sénat plus démocratique, plus transparent, plus responsable, mais là, pour l'instant, ce qu'on a l'impression, c'est (qu'il fait comme) Ponce Pilate, qu'il s'en lave les mains», a pesté le député Alexandre Boulerice.

La ministre responsable des Institutions démocratiques, Karina Gould, a soutenu mardi qu'il revenait à la chambre haute de régler ses problèmes à l'interne, disant «appuyer le processus» en cours.

«Je verrai ce qu'il en ressortira. Je pense qu'il est important pour (le Sénat) de travailler là-dessus et de faire la démonstration que c'est une institution moderne», a-t-elle expliqué en mêlée de presse avant la période des questions à la Chambre des communes.

Le rapport du comité sénatorial sur le cas de Don Meredith sera rendu public, et la «décision finale reviendra aux sénateurs», selon ce qu'a précisé mardi la présidente du comité, Raynell Andreychuk.