Il ne faut pas tirer de conclusion hâtive du fait que le Canada n'a pas encore formellement déposé son plan de déploiement de Casques bleus auprès des Nations unies, a soutenu samedi Justin Trudeau.

«Nous demeurons engagés, mais nous allons prendre notre temps pour s'assurer qu'on fait la bonne chose», a affirmé le premier ministre lors d'une brève mêlée de presse avant la réunion du caucus libéral au parlement, à Ottawa.

«On sait qu'historiquement, quand on s'est engagés en Afrique, il y a eu des moments très difficiles pour le Canada. C'est pour ça qu'on est en train de réfléchir de façon très responsable et attentive à comment nous pouvons aider le mieux possible», a-t-il offert.

Le premier ministre Trudeau a offert cette justification alors que les Nations unies attendent toujours que le gouvernement canadien dépose l'avis officiel que les États membres doivent fournir sur leurs intentions concernant les missions de paix.

Faut-il en déduire que le Canada ne déploiera pas de Casques bleus ou de policiers pour des opérations de paix en 2017? «Je ne tirerais pas cette conclusion», a-t-il indiqué avant de s'engouffrer dans la salle du parlement où l'attendaient les députés de son caucus.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a refusé de préciser si le Canada enverra des troupes avant d'accueillir le sommet des Nations unies sur les missions de paix qui se tiendra en novembre prochain à Vancouver.

Il n'a pas non plus voulu dire s'il fallait interpréter les propos de Justin Trudeau sur le difficile passé des Casques bleus canadiens en Afrique comme un signe que le gouvernement hésitait à déployer des troupes sur ce continent.

«Nous étudions toutes les missions et leur complexité, a-t-il insisté. Le premier ministre sait très bien cela, et il comprend aussi que la décision d'envoyer des troupes n'importe où dans le monde est une décision très importante pour tout gouvernement.»

La liste spéculative des pays où les forces canadiennes pourraient se retrouver stationnées comprend plusieurs nations situées en Afrique, dont la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, ainsi que le Mali.

La mission malienne est l'une des plus dangereuses opérations actuellement en cours dans le monde. Depuis le début de la mission, en avril 2013, 114 Casques bleus ont été tués au Mali, selon les données en date du 28 février disponibles sur le site des Nations unies.

En août dernier, le gouvernement libéral a annoncé son engagement de déployer jusqu'à 600 militaires et 150 policiers canadiens pour contribuer à des missions de paix sous l'égide des Nations unies. Le plan est doté d'un budget de 450 millions pour trois ans.

Le ministre Sajjan avait passé les mois suivants à promettre un plan avant la fin de l'année 2016. Il n'a toujours pas été déposé, l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump aux États-Unis ayant amené le Canada à prendre une pause afin de réévaluer sa stratégie.

Caucus uni

Justin Trudeau a tenu à assurer samedi qu'il n'existait pas de division au sein de son caucus, et ce, même si les députés d'arrière-ban ont massivement défié le cabinet - et le premier ministre lui-même - en appuyant un projet de loi sur la discrimination génétique il y a trois semaines.

«Au contraire, moi ça fait bien des années que je suis au sein du Parti libéral, et j'ai rarement vu un caucus uni comme on l'est. On est axés sur la croissance pour la classe moyenne, de bien servir nos citoyens, et ça paraît dans toutes nos discussions», a-t-il affirmé.

Plusieurs députés et ministres ont eux aussi assuré au cours des derniers jours qu'il n'y avait pas de bisbille au sein des troupes libérales. Les votes libres que permet le premier ministre pour certains projets de loi sont simplement l'expression de leur indépendance, plaident-ils.

«Je dirais que la façon de l'interpréter, c'est que les députés sont capables d'une indépendance d'esprit, et c'est quelque chose de positif», a argué samedi Sean Fraser, un élu de la Nouvelle-Écosse.

«On a une excellente relation avec les députés d'arrière-ban. Ce qui était entendu, c'est qu'on laissait libre choix aux gens de voter, et c'est ce qui fait actuellement. Chacun y va selon sa conscience», a pour sa part indiqué la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier.

Promotion du budget

Alors que les députés s'apprêtent à rentrer dans leur circonscription pour une semaine de relâche parlementaire, il a aussi été question du budget qu'a déposé mercredi le ministre des Finances, Bill Morneau.

Les élus feront dans leur communauté le service après-vente de l'exercice financier, qui a reçu un accueil très mitigé, notamment du côté de Québec - l'Assemblée nationale a même adopté une motion pour exprimer sa «très grande déception».

La ministre Lebouthillier, elle, s'est dite «très contente» du budget et des «retombées qu'il va y avoir dans le milieu, au Québec, mais aussi en région». Elle n'a pas semblé préoccupée par l'absence de sommes déterminées pour l'industrie du bois d'oeuvre.

«Il y a des négociations qui se font actuellement, et je pense qu'on continue de travailler dans ce sens-là, et on sait que le secteur forestier est un secteur important pour le gouvernement du Québec», a-t-elle déclaré en mêlée de presse.

La ministre n'a pas voulu préciser si Ottawa s'engageait à soutenir financièrement l'industrie. Un tribunal américain doit rendre une décision le 24 avril prochain dans ce dossier. On s'attend à ce qu'elle soit défavorable au Canada et que des surtaxes entrent en vigueur ce printemps.

Les députés libéraux avaient prolongé leur semaine dans la capitale nationale pour prendre part à la rencontre de leur caucus. La réunion s'est amorcée vendredi après-midi et a duré toute la journée de samedi.