Le budget fédéral accueilli avec une «très grande déception» par le gouvernement du Québec sera au coeur des discussions alors que les députés libéraux se réunissent en caucus à Ottawa, vendredi et samedi.

Le premier ministre Justin Trudeau l'a signalé dans la courte allocution d'ouverture qu'il a prononcée devant ses troupes et les représentants des médias, vendredi après-midi, se réjouissant de l'«excellente semaine» de son gouvernement.

«Nous avons présenté la prochaine étape de notre plan pour la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour s'y joindre dans le budget de 2017», a-t-il affirmé dans la salle du parlement où se tient le caucus.

Dans les faits, l'exercice financier déposé mercredi est loin d'avoir fait l'unanimité, de la motion «de très grande déception» adoptée par l'Assemblée nationale aux commentaires peu élogieux des analystes politiques en passant par l'insatisfaction de l'opposition à Ottawa.

Les discussions sur le budget signé par le ministre des Finances, Bill Morneau, ne feront donc possiblement pas toujours l'unanimité. Et d'autres sujets corsés pourraient se retrouver à l'ordre du jour.

Car cette réunion survient alors que le gouvernement libéral se retrouve sous le feu nourri de l'opposition, qui tente par tous les moyens de bloquer la réforme de la procédure des travaux parlementaires proposée par la leader du gouvernement en Chambre, Bardish Chagger.

Les députés conservateurs et néo-démocrates ont passé la semaine à faire de l'obstruction parlementaire au comité qui doit étudier la proposition, siégeant parfois jusqu'aux petites heures du matin pour empêcher les discussions de s'ouvrir.

Parmi les suggestions figurant dans le projet de modernisation figure l'abolition de la demi-journée de travail du vendredi, ce qui apparaît une bonne idée aux yeux du député libéral montréalais Marc Miller.

«Moi, personnellement, j'ai beaucoup de travail dans mon comté le vendredi. Donc j'aimerais avoir mon vendredi pour pouvoir travailler avec mes commettants», a-t-il expliqué en mêlée de presse après la période des questions.

L'influence des élus québécois remise en doute

La réunion du caucus se tient par ailleurs alors que le poids politique des 39 élus québécois du caucus de 180 députés a été remis en question par le gouvernement du Québec dans la foulée du dépôt d'un budget jugé décevant pour la province, mercredi dernier.

Tour à tour, jeudi, au lendemain de la présentation du budget, les députés du Québec ont assuré qu'ils ont une influence au sein du caucus de leur formation.

Et vendredi, leur collègue manitobain Robert-Falcon Ouellette a souri lorsqu'on lui a demandé son avis sur la question. «Est-ce qu'on a vu une subvention pour Bombardier? Je pense qu'ils ont un poids», a-t-il plaidé en mêlée de presse.

La rencontre a par ailleurs lieu un peu plus de deux semaines après que les députés d'arrière-ban eurent défié Justin Trudeau en appuyant massivement un projet de loi sur la discrimination génétique que le premier ministre venait de qualifier d'inconstitutionnel.

Le ministre des Transports, Marc Garneau, estime qu'il ne faut pas y voir une bravade à l'endroit du premier ministre. «Pas du tout, a-t-il lâché à l'entrée de la réunion. On reconnaît que c'est important de permettre à nos députés de voter comme ils veulent.»

Les élus libéraux reprendront le collier samedi, à 8 h 30, pour une journée de travaux qui devrait se conclure en fin d'après-midi.