Ottawa refuse de dénoncer la multiplication des cas de Canadiens refoulés à la frontière américaine, au lendemain d'un nouvel incident impliquant une Montréalaise qui se serait vu refuser l'accès aux États-Unis.

Manpreet Kooner, née au Canada de parents indiens, a affirmé à CBC avoir été retenue pendant six heures à la frontière, dimanche, alors qu'elle tentait de se rendre dans un spa du Vermont avec deux amies. La résidante de l'arrondissement LaSalle a dû rebrousser chemin et devra demander un visa si elle veut tenter de retourner aux États-Unis, rapporte CBC.

Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères, n'a pas voulu blâmer le gouvernement américain pour ce nouvel incident. « Chaque pays contrôle sa frontière, a-t-elle dit lors d'un point de presse lundi à Ottawa. Nous, les Canadiens, avons notre propre frontière et les Américains de leur côté contrôlent leur frontière. »

Pressée de questions par les journalistes, la ministre a fait valoir que le contrôle des frontières constitue « un aspect de la souveraineté qui est important pour les Américains et pour nous ».

« Notre gouvernement a travaillé très, très fort, très étroitement pour avoir des relations proches et professionnelles avec l'administration américaine, a-t-elle ajouté. Dans nos discussions avec l'administration américaine, nous soulignons toujours l'importance d'avoir une frontière que nos biens et nos citoyens peuvent franchir. »

L'opposition fulmine

Cette réponse tiède du gouvernement fédéral a fait bondir l'opposition néo-démocrate à Ottawa. Matthew Dubé, critique en matière de Sécurité publique pour le NPD, accuse les troupes de Justin Trudeau de faire « de l'aveuglement volontaire » dans ce dossier.

« C'est hallucinant : on a un gouvernement fédéral qui dit aux Canadiens, avec l'élection de M. Trump, que tout le monde avec un passeport canadien va être traité de façon appropriée à la frontière et qu'on ne verra pas de changement, alors que les cas de gens qui sont refoulés à la frontière se multiplient », a lancé le député de Beloeil-Chambly.

Matthew Dubé soutient que les cas comme celui de Manpreet Kooner constituent clairement du « profilage » et du « racisme ».

Dans les dernières semaines, une femme de Brossard ainsi qu'un jeune athlète sherbrookois d'origine marocaine, détenteurs d'un passeport canadien, se sont aussi vus refuser l'accès aux États-Unis.

Nouveau décret

Concernant la nouvelle mouture du décret migratoire de Donald Trump présentée lundi à Washington, la ministre Chrystia Freeland a là aussi refusé de se prononcer positivement ou négativement. Cette nouvelle directive américaine empêchera les ressortissants de six pays musulmans (Iran, Syrie, Soudan, Libye, Somalie et Yémen) d'entrer aux États-Unis pendant 90 jours. Les réfugiés syriens seront quant à eux interdits d'accès pour 120 jours.

« Comme le premier ministre l'a dit à Washington, ce n'est pas notre travail de décider la politique des États-Unis, a dit Mme Freeland. C'est assez pour nous de faire la politique au Canada. »

La ministre des Affaires étrangères souligne que la politique d'accueil canadienne restera la même. « Le Canada est un pays ouvert aux immigrants et aux réfugiés, et je veux souligner l'appui - mon appui personnel et l'appui du gouvernement des immigrants, des réfugiés et des citoyens musulmans. »