Si les échanges demeurent tendus à l'Assemblée nationale sur le port de signes religieux par des personnes en position d'autorité, ces questions sont loin d'alimenter les débats à la Chambre des communes à Ottawa.

Six députés portent le turban à la Chambre des communes, dont le ministre de la Défense Harjit Sajjan et le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains. 

Devant le président de la Chambre des communes, Geoff Regan, on voit à l'occasion une page - ces jeunes étudiants qui travaillent à temps partiel pour donner un coup de main aux députés - portant le hijab. Elle était présente notamment à la période des questions du 3 février, lors de laquelle des élus se sont prononcés sur les événements tragiques de la Grande Mosquée de Québec, la tolérance, l'ouverture et les excès de langage de certains commentateurs. 

Cette étudiante de confession musulmane est la deuxième à être embauchée par les gestionnaires du programme des pages depuis 2013.

Au cours des derniers mois, de nouveaux efforts ont été faits pour assurer une plus grande diversité au sein du Service de protection parlementaire, qui s'occupe de la sécurité physique sur l'ensemble de la colline parlementaire. Résultat : on compte maintenant des femmes qui portent le hijab.

S'adapter à la réalité

Au bureau du président des Communes Geoff Regan, on explique qu'il n'y a jamais véritablement eu de règlements concernant le port de signes religieux. Les autorités se sont simplement adaptées à la nouvelle réalité canadienne au fil des élections et l'arrivée à Ottawa d'un plus grand nombre de députés issus des diverses communautés ethnoculturelles du pays.

« La Chambre des communes est guidée par un ensemble de valeurs de base. L'inclusivité est l'une des valeurs promues afin d'assurer un milieu de travail inclusif, où les employés se sentent valorisés et respectés. La Chambre respecte les droits religieux des Canadiens et elle tâche d'accommoder les fidèles de toutes les religions dans les limites du raisonnable », a indiqué Heather Bradley dans un courriel à La Presse.

Le bureau du premier ministre de même que ceux des chefs des partis de l'opposition prennent aussi soin de souligner diverses fêtes religieuses qui émaillent le calendrier en publiant un communiqué de presse.

En janvier, le bureau de M. Trudeau a publié une déclaration pour souligner le Nouvel An chinois, le Nouvel An vietnamien et le Nouvel An coréen. Également en janvier, il a publié une déclaration pour souligner le Thaï Pongal, une fête tamoule qui marque la fin de la saison des moissons et le début de la nouvelle année. Il en a fait autant pour marquer le premier jour de la Hanoukka (fête des Lumières pour la communauté juive) ou encore la première journée de Diwali et Bandi Chhor Divas, des fêtes pour les communautés hindoue, sikhe, jaïne et bouddhiste.

En avril dernier, des membres de la Fédération des jeunes sikhs sont venus sur la colline parlementaire offrir aux députés un cours pour mettre un turban. Certains députés se sont prêtés au jeu durant l'événement Turban Up.

« Nous sommes à des années-lumière des débats qui ont lieu depuis un certain temps à l'Assemblée nationale », a commenté une source gouvernementale qui a requis l'anonymat, ne voulant pas s'immiscer davantage dans la controverse qui sévit sur les questions identitaires au Québec.