Un élu libéral qui a attribué à «la politique de la peur et de la division» la fusillade à la mosquée de Sainte-Foy assure qu'il ne visait pas les conservateurs par ces propos.

Après deux jours de débats acrimonieux sur l'islamophobie en Chambre, le député libéral Chandra Arya en a rajouté une couche, vendredi, en se levant pour faire une déclaration avant la période des questions.

«Madame la présidente, la récente tuerie de musulmans qui priaient dans une mosquée de la ville de Québec n'est pas un accident. C'est le résultat direct de la politique de la peur et de la division», a-t-il lâché.

L'élu a mentionné que le phénomène sévissait dans d'autres pays, mais il a poursuivi en disant qu'«au Canada, (ceux) qui ont fait la promotion de charte de valeurs, de l'interdiction du niqab, de la ligne de dénonciation des pratiques culturelles barbares» reprenaient des forces.

Il a conclu en affirmant qu'il était «douloureux et apeurant de voir des politiciens qui, dans leur tentative de prendre le pouvoir, recommencent à miser sur la dangereuse politique de la peur et de la division».

Les libéraux ont reproché à maintes reprises à leurs adversaires conservateurs de s'ancrer dans «la peur et la division». En campagne électorale, le premier ministre Justin Trudeau avait employé ces termes à répétition pour dénoncer les politiques des troupes conservatrices.

Mais en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne peu après sa prise de parole à la Chambre des communes, vendredi, le député Chandra Arya a juré que ses propos ne visaient pas le Parti conservateur.

«Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. (...) Je n'ai pas pointé du doigt un parti politique en particulier», a-t-il lancé, refusant de dire s'il considérait que certains candidats à la direction conservatrice misaient sur la peur et la division.

«Je ne faisais pas de commentaire sur un politicien canadien en particulier ou sur un politicien conservateur qui tente de prendre le pouvoir en particulier, non», a insisté M. Arya à l'autre bout du fil.

Certains aspirants à la chefferie du parti ont fait l'objet d'une charge à fond de train de la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, lors du débat sur une motion conservatrice contre la discrimination religieuse déposée en réaction à la motion libérale M-103 contre l'islamophobie, jeudi.

«Que des députés, dont certains se sont présentés pour diriger un parti politique, essaient de profiter de la peur et de la division dépasse l'entendement», a-t-elle lâché.

La députée d'Ahuntsic-Cartierville a poursuivi en vilipendant, sans la nommer, la candidate Kellie Leitch, qui a «eu le mauvais goût» d'utiliser dans un gazouillis contre la motion une photo de la fusillade survenue sur la colline du Parlement en octobre 2014.

Les élus de la Chambre des communes sont engagés dans des échanges sur l'islamophobie depuis mercredi, alors que M-103 s'est retrouvée à l'ordre du jour des travaux parlementaires. La motion, déposée en décembre dernier, a pris un nouveau sens après l'attentat à la mosquée de Sainte-Foy.

Les discussions entre parlementaires ont dérapé, jeudi, alors que l'évocation de la tuerie survenue le soir du 29 janvier, qui a fait six victimes, a mené à une prise de bec entre un élu libéral et le conservateur Gérard Deltell.

«Il est un invité régulier des émissions parlées de la radio de Québec. A-t-il réfléchi aux mots qu'il a employés ces dernières années? A-t-il accepté une part de responsabilité pour le type de rhétorique qu'on entendait là?», a balancé Omar Alghabra au député de Louis-Saint-Laurent.

Le commentaire a été fort mal reçu par Gérard Deltell, qui a reproché à son adversaire politique des «raccourcis intellectuels désolants».