Le gouvernement libéral à Ottawa ne pourra pas dépenser des centaines de millions de dollars pour les infrastructures cette année; les investissements prévus ont été reportés à la prochaine année budgétaire.

Les documents de dépenses dévoilés mardi démontrent que les 828 millions qui devaient être dépensés cette année dans le cadre du nouveau plan d'infrastructure seront plutôt investis dans le prochain exercice financier, qui commence le 1er avril.

Ce montant représente environ le quart des 3,27 milliards qui devaient être déboursés pour des programmes d'infrastructure nouveaux ou existants dans l'année budgétaire 2016-2017.

Ce chiffre ne tient pas compte des 282 millions que le ministère des Services publics et de l'Approvisionnement, ainsi que celui des Pêcheries et des Océans, avaient promis d'investir dans des projets d'infrastructure pendant l'actuelle année budgétaire. Il ne comprend pas non plus les 24,4 millions qui ont été versés pour rénover les centres communautaires et culturels à l'occasion des célébrations du 150e anniversaire de la fédération canadienne.

Ce n'est pas la première fois que de l'argent alloué aux infrastructures est «redirigé» d'un exercice financier à un autre. Des analyses de dépenses ont démontré qu'environ le quart des fonds consacrés aux infrastructures n'était pas dépensé dans l'année prévue.

Une explication est que le financement fédéral est dépensé seulement lorsque les promoteurs de projets soumettent leurs reçus pour être remboursés, ce qui laisse un délai entre le moment où la construction est effectuée et le moment où l'argent est réellement dépensé. Dans certains cas, le gouvernement fédéral ne recevra pas les factures avant la fin d'un projet.

Et les projets eux-mêmes peuvent être reportés pour une foule de raisons, notamment des conditions climatiques défavorables ou des conflits de travail - des problèmes qui sont hors du contrôle du gouvernement.

L'argent continue d'être disponible

Les fonds ne disparaissent pas pour autant. «L'argent consacré à des projets spécifiques continue d'être disponible pour ces projets et est reporté au besoin pour refléter les nouveaux besoins de nos partenaires et leurs échéances», a expliqué Brook Simpson, porte-parole du ministre de l'Infrastructure, Amarjeet Sohi.

«Nous continuerons de travailler avec nos partenaires pour respecter nos engagements en termes d'infrastructure», a-t-il ajouté.

Les priorités économiques du gouvernement Trudeau sont liées aux projets de construction qui peuvent créer assez de croissance économique pour aider à rééquilibrer le budget, ce qui devrait arriver dans plusieurs décennies, selon les prévisions du ministère des Finances.

Le gouvernement insiste pour dire que le report des investissements ne signifie pas nécessairement que les villes et les provinces ne dépensent pas l'argent alloué.

Ces derniers chiffres renforcent les inquiétudes soulevées par le Directeur parlementaire du budget, qui disait plus tôt ce mois-ci que les ministères étaient en retard pour distribuer les fonds en infrastructure, ce qui pose un risque quant à la croissance économique prévue.

Le premier budget du gouvernement libéral prédisait que l'argent dans les infrastructures allait faire croître l'économie de 0,6 % sur deux ans.

La semaine dernière, le directeur parlementaire du budget, Jean-Denis Fréchette, a déclaré devant le Sénat que cet impact pourrait s'avérer plus modeste en raison du rythme lent des allocations.