«M. Trudeau a été un menteur !», a tonné le député néo-démocrate Alexandre Boulerice, sous les acclamations de la foule. Quelques dizaines de personnes ont manifesté devant le bureau de circonscription du premier ministre Justin Trudeau cet après-midi à Montréal pour dénoncer l'abandon de sa réforme du mode de scrutin.

Les manifestants se sont d'abord rassemblés vers 14h à l'intérieur de la station de métro Jarry sur la rue éponyme. Les protestataires ont ensuite bravé le froid polaire pour tenir quelques discours, puis pour défiler dans les rues du quartier Villeray, dans le fief de Justin Trudeau.

«M. Trudeau se complaît dans un système qui l'a amené au pouvoir avec seulement 39% des votes. C'est honteux ! Parce que dans notre système, tous les votes ne comptent pas. Il faut changer ça ! Toutes les voix doivent être entendues et représentées, c'est pour ça qu'il nous faut la proportionnelle! », a clamé le député de Rosemont Alexandre Boulerice à l'aide d'un porte-voix

Pour la députée de Québec solidaire Manon Massé, seule la «pression populaire» est en mesure de convaincre un gouvernement de réformer le système électoral. «C'est tellement fondamental ! Le Québec et le Canada agissent sur le même mode de scrutin, uninominal à un tour, qui est un mode de scrutin antidémocratique, parce qu'élection après élection, il y a des distorsions. L'exemple qu'on a au Québec est terrible : un gouvernement qui a remporté 42% des votes a plus de 56% des sièges. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Il est temps que ça change! C'est pour ça que je suis là aujourd'hui», a expliqué la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques en entrevue avec La Presse.

Benoît Duberger, un électeur de la circonscription de Papineau, tenait à être présent pour dénoncer la promesse brisée de son député et premier ministre. « Cette promesse avait ravivé l'espoir de tous les démocrates au Canada, mais le gouvernement libéral voulait seulement d'un mode de scrutin qui avantageait le gouvernement libéral. Personne n'est dupe. Ils nous montrent qu'il n'y avait pas de consensus, alors qu'il y avait un consensus très clair pour le scrutin proportionnel», a-t-il affirmé.

Le gouvernement Trudeau a abandonné la semaine dernière la réforme du mode de scrutin, une des promesses phares de son élection. En campagne électorale, Justin Trudeau s'était engagé à mettre fin au mode de scrutin actuel en vue des élections fédérales de 2019.

La nouvelle ministre des Institutions démocratiques Karina Gould a toutefois annoncé le 31 janvier dernier l'abandon de cet engagement. «Ce que nous avons trouvé, d'après des centaines de milliers de Canadiens qui ont participé à nos consultations, c'est qu'il n'y a pas de consensus sur la façon de changer le système», avait-elle déclaré.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le député du NPD, Alexandre Boulerice

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

La députée de Québec solidaire, Manon Massé