Exactement un mois avant la prise de pouvoir de Donald Trump, Justin Trudeau promet de se manifester quand le président américain ira trop loin.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne, cette semaine, le premier ministre a choisi soigneusement ses mots lorsqu'il a été amené sur le terrain glissant du très coloré prochain président.

Installé dans la salle de conférence du bureau de La Presse canadienne à Ottawa, M. Trudeau pousse un grand soupir lorsqu'on lui demande à quel moment il dira «ce geste de Donald Trump est de trop, je vais me lever et parler».

Le premier ministre dit d'abord que sa responsabilité première, «c'est de veiller aux intérêts des Canadiens». Puis il fauche plutôt large lorsqu'il énumère ces «intérêts». «Des bons emplois», «du commerce positif», mais aussi «l'intérêt d'avoir un monde plus ouvert, plus tolérant, plus en sécurité».

Il évoque alors la possibilité de se retrouver dans des situations où il faudra souligner que le gouvernement canadien et son voisin «ne partagent pas les mêmes valeurs».

«Je ne vais pas plonger dans l'hypothétique. Mais vous me demandez où est la ligne? Je vais me comporter de façon à m'assurer que les Canadiens ne souffrent pas et ont tous les bénéfices et les opportunités possibles que je peux leur livrer», a-t-il offert.

Faut-il comprendre qu'il ne lèvera pas un doigt, ni le ton, si Donald Trump expulsait les millions de Mexicains en situation irrégulière dans son pays, comme il a promis de le faire, parce que pareil geste n'aurait pas d'impact sur les Canadiens?

«Je ne suis pas d'accord que ça ne toucherait en rien les Canadiens», proteste-t-il. Mais il ne partagera pas davantage sa pensée, se rabattant sur le langage diplomatique de mise et retrouvant son vocabulaire bien rodé pour parler de M. Trump.

«On a tous les deux reconnu que l'important et le mandat qu'on s'est fait donner par les citoyens, c'est d'améliorer les chances pour la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour s'y joindre. (...) Alors, il y a plusieurs enjeux sur lesquels on va pouvoir travailler pour s'assurer que nos économies et nos citoyens ont les chances de réussir», conclut-il.

Sur un terrain moins miné, il a assuré que ce ne sera pas plus difficile d'attirer des investisseurs étrangers au Canada, une fois que le gouvernement Trump aura baissé les impôts des entreprises comme promis.

Il a cité la qualité de la main-d'oeuvre canadienne, sa diversité, son niveau d'éducation, son accès à un système public de soins de santé. Il a ajouté à ça la lutte canadienne contre les changements climatiques et son ouverture à l'immigration. Tous ces facteurs, selon lui, entrent en compte.

«Tout investisseur va examiner un large éventail de choix, d'opportunités, de raisons et de justifications pour prendre une décision importante. Et je suis confiant que le Canada sera toujours un endroit attirant pour investir et pour embaucher des Canadiens», dit-il.