Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jim Carr, s'est excusé mardi d'avoir affirmé que d'éventuels manifestants anti-oléoducs non pacifiques seraient attendus de pied ferme par les forces policières et militaires.

À sa sortie de la réunion du cabinet, il a tenu à revenir sur les propos controversés formulés la semaine dernière devant des gens d'affaires albertains. «Je n'ai pas choisi mes mots avec soin la semaine dernière. Et je le regrette», a-t-il laissé tomber.

Le ministre Carr a assuré qu'il ne cherchait «pas du tout» à rassurer l'industrie au lendemain de l'approbation, par le gouvernement libéral, du controversé projet d'oléoduc de la société Kinder Morgan, en Colombie-Britannique.

«C'était une façon d'exprimer que manifester pacifiquement fait partie de notre ADN en tant que Canadiens et que nous sommes aussi dans un État de droit», a-t-il soutenu dans le foyer de la Chambre des communes.

L'intention n'était pas de rappeler «de mauvais souvenirs à certaines communautés», a par ailleurs insisté Jim Carr. «Et si certains l'ont interprété de cette manière, je suis désolé. J'aurais dû être plus prudent dans mon choix de mots», a-t-il offert.

M. Carr n'a pas précisé à quelles communautés il faisait référence. En Colombie-Britannique, le projet énergétique de Trans Mountain se heurte à une vive opposition des communautés autochtones.

Le premier ministre Justin Trudeau est lui aussi revenu sur la controverse dans le discours qu'il a livré lors d'une rencontre de l'Assemblée des Premières Nations (APN) qui se tenait de l'autre côté de la rivière des Outaouais, à Gatineau.

Il a fait valoir que le rétablissement de relations harmonieuses entre le gouvernement fédéral et les peuples autochtones «signifie présenter des excuses lorsque nous disons des choses que nous ne devrions pas dire», comme venait tout juste de le faire Jim Carr.

«Je suis très fier du ministre des Ressources naturelles qui s'est excusé pour son commentaire malheureux», a déclaré le premier ministre du Canada.

Le chef national de l'APN, Perry Bellegarde, a souligné par après, lors d'une conférence de presse, que le ministre Carr lui avait personnellement présenté ses excuses.

«Quand on fait une erreur, on la reconnaît, on s'excuse et on passe à autre chose», a-t-il dit.

«Il y a beaucoup de frustration chez nos chefs, qui ne veulent pas d'une autre crise d'Oka au Canada. On ne veut pas revivre 1990. Cela ne mène personne nulle part», a signalé M. Bellegarde.

Les commentaires de Jim Carr, rapportés jeudi soir dernier par le Edmonton Journal, avaient fait bondir l'opposition à Ottawa, des députés du Nouveau Parti démocratique (NPD les qualifiant d'«irresponsables», d'«incendiaires» et de «dangereux».

Le député néo-démocrate Nathan Cullen a pris acte du mea culpa du ministre des Ressources naturelles, mardi. Il a cependant souligné que cette déclaration en avait choqué plusieurs en Colombie-Britannique.

«On a été surpris de voir que ça venait d'un ministre libéral - c'est le genre de truc qu'on entendait des ministres de Harper, qui appelaient les opposants aux pipelines des ennemis de l'État ou des activistes financés par des intérêts étrangers», a-t-il exposé en point de presse.

Le ministre Jim Carr s'était fait applaudir par l'assemblée d'hommes d'affaires devant laquelle il a fait sa déclaration sur l'éventualité d'une intervention contre des manifestants environnementalistes.

Il avait lancé que «si les gens choisissaient de ne pas être pacifiques, alors le gouvernement du Canada, par ses forces militaires, par ses forces de police, s'assurera de la sécurité des gens», après avoir dit que la dissidence pacifique était bienvenue.