Le gouvernement fédéral doit continuer à soutenir les quelque 35 000 réfugiés syriens qui sont arrivés au pays au cours des derniers mois afin d'assurer leur pleine intégration en continuant notamment de leur offrir des cours de langue, estime un comité du Sénat.

Sans une bonne connaissance de l'une des deux langues officielles, ces réfugiés ne peuvent se trouver un emploi, même s'ils ont les compétences pour travailler, et ils risquent de sombrer dans la pauvreté et le désespoir, soutiennent les membres du comité sénatorial permanent des droits de la personne.

Dans un rapport rendu public ce matin sur les efforts du gouvernement Trudeau pour réinstaller des réfugiés syriens au pays depuis novembre 2015, le comité va jusqu'à recommander au gouvernement fédéral de payer les frais de garde des enfants des familles réfugiées de sorte que les femmes puissent aussi obtenir une formation linguistique. Sans ces services, ces femmes risquent de vivre dans l'isolement le plus total.

« Il s'agit d'un moment crucial pour les réfugiés syriens que nous avons accueillis au Canada. Beaucoup d'entre eux vivent dans une situation financière précaire et se heurtent encore à la barrière de la langue. De plus, il se peut que le traumatisme qu'ils ont subi en Syrie commence à se manifester seulement maintenant. Nous avons l'obligation de soutenir ces gens qui ont besoin de notre aide plus que jamais », a affirmé le président du comité, le sénateur libéral indépendant Jim Munson.

En tout, le Canada a accueilli 35 745 réfugiés syriens jusqu'à maintenant qui se sont établis dans 354 communautés à travers le pays. Le Québec a accueilli 5797 de ces réfugiés, dont environ 80 % se sont établis dans la région de Montréal.

« Le gouvernement et les Canadiens ont manifesté jusqu'à maintenant une grande générosité. Toutefois, nous devons poursuivre nos efforts en vue d'intégrer ces réfugiés à la vie canadienne. Sinon, ils risquent de sombrer dans la pauvreté et le désespoir », a soutenu le sénateur Thanh Hai Ngo, lui-même un réfugié du Vietnam dans les années 1970.

« Les cours de langue représentent un des besoins fondamentaux auxquels il faut répondre. Il est essentiel de parler français ou anglais pour s'intégrer et pour trouver un emploi à la mesure de ses compétences. Le gouvernement offre des cours, comme il se doit. De nombreux réfugiés, surtout des femmes, sont incapables d'y assister parce qu'il n'y pas de services de garde pour les enfants », a-t-il ajouté.

Selon le comité, le gouvernement Trudeau ne peut se contenter de dire que son travail est terminé et qu'il incombe aux provinces de s'occuper de ces nouveaux arrivants. Les programmes de soutien adoptés par le gouvernement fédéral doivent prendre fin après 12 mois. Ensuite, les provinces et les municipalités devront prendre le relais pour assurer leur intégration.

Le comité presse donc Ottawa d'augmenter le financement destiné à la formation linguistique. Les sénateurs recommandent aussi au gouvernement Trudeau de mettre sur pied un plan exhaustif pour répondre aux besoins en santé mentale des réfugiés syriens, qui ont fui leur pays après des années de guerre civile qui a fait au moins 225 000 morts jusqu'ici.