Alors que les questions sur les activités de financement libérales continuent de fuser en Chambre, le Bloc québécois s'apprête à déposer un projet de loi visant à rétablir le financement public des partis politiques.

La mesure législative intitulée «Loi modifiant la Loi électorale du Canada et une autre loi en conséquence (financement politique)» doit être déposée aux Communes cette semaine, selon un attaché de presse de la formation politique, Mathieu St-Amand.

En mêlée de presse, lundi, le leader parlementaire du Bloc québécois en Chambre, Luc Thériault, a affirmé que cette subvention constituait un «outil équitable» qui permettrait à tous les partis d'avoir «la même chance sur la ligne de départ».

L'opposition talonne sans relâche les libéraux sur la question du financement depuis que le Globe and Mail a révélé que le premier ministre Justin Trudeau a participé à un événement ayant réuni de riches hommes d'affaires chinois dans une résidence privée de Toronto, en mai dernier.

Les participants ont déboursé 1500 $ pour prendre part à cette activité de financement du Parti libéral du Canada (PLC) organisée par le président de la Chambre de commerce chinoise du Canada, Benson Wong.

Le gouvernement libéral se défend vigoureusement d'avoir enfreint la loi - la limite des dons individuels est en effet de 1500 $ par année, par parti - et plaide que les règles en vigueur au palier fédéral sont parmi les plus strictes au pays.

Mais pour le député Thériault, il y a apparence de conflit d'intérêts, et cela suffit à ébranler la confiance du public. «Je ne pense pas que la classe politique a besoin présentement de se faire éclabousser par ce genre de pratique légale, mais immorale», a-t-il soutenu.

Le financement public des partis politiques a été aboli en 2011 sous le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper. Les libéraux, qui étaient opposés à cette mesure, n'ont cependant jamais promis son rétablissement lors de la dernière campagne électorale.

L'idée de ramener le financement public, une mesure instaurée en 2003 sous le gouvernement libéral de Jean Chrétien, plaît au Nouveau Parti démocratique (NPD), qui s'était aussi élevé contre la disparition de ces deniers publics.

«On pense que le système où il y avait environ 1,50 $ par vote qui assurait un financement pour les partis, c'était une bonne mesure. (...) Ça réduisait la pression, justement, pour tous ces cocktails de financement à 1000 $, 1500 $ le billet», a dit le député Alexandre Boulerice.

L'élu montréalais ne veut pas pour autant donner un chèque en blanc aux bloquistes, mais «fort probablement que sur ce point-là, ils pourraient compter sur le NPD», a-t-il plaidé en mêlée de presse dans le foyer des Communes.

Dans les rangs libéraux, quelques-uns ont fait état de leur préjugé favorable face à un éventuel retour de cette mesure. C'est le cas du député d'arrière-ban manitobain Robert-Falcon Ouellette.

«Pour moi, c'est important que les partis politiques démontrent un niveau d'indépendance sur le financement, et le meilleur moyen de faire ça, d'assurer les Canadiens qu'on travaille pour eux, c'est le financement public», a-t-il exposé.

Le secrétaire parlementaire du ministre des Finances, le Québécois François-Philippe Champagne, a semblé moins vendu à l'idée, disant se «poser des questions» sur l'ordre du jour des bloquistes.

«Je dirais que les Canadiens doivent se demander pourquoi ils proposent ça. Je pense que ces gens-là ont fait une analyse politique là-dessus», a-t-il offert en mêlée de presse après la période des questions, sans préciser davantage sa pensée.