Si aucune surveillance de journalistes ne se produit «actuellement» au niveau fédéral, le gouvernement Trudeau n'a pas demandé ni obtenu l'assurance de la GRC et du SCRS que les corps policiers fédéraux n'ont pas mis des journalistes sous surveillance au cours des cinq dernières années. «L'enjeu, c'est que ce qui se passe maintenant», a dit le ministre fédéral de la Sécurité publique Ralph Goodale en point de presse ce matin à la Chambre des communes.

Le gouvernement Trudeau n'a pas l'intention de demander à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) si des mandats de surveillance ont été émis ou si des journalistes ont été surveillés au cours des cinq dernières années. « L'enjeu, c'est que ce qui se passe maintenant, et nous pouvons offrir l'assurance que ce genre d'activités ne se produit pas actuellement. Je n'ai pas connaissance de choses qui se sont produites quand nous ne formions pas le gouvernement du Canada », a dit le ministre Goodale. 

Le gouvernement Trudeau a indiqué avoir reçu l'assurance cette semaine qu'aucune journaliste n'est surveillé «actuellement» par les corps policiers fédéraux. En réponse à une question en point de presse ce matin, le ministre Goodale a précisé que cette assurance des corps policiers fédéraux comprend seulement la situation actuelle. Au Québec, la Sûreté du Québec a confirmé cette semaine avoir surveillé une demi-douzaine de journalistes au cours des dernières années, certains comme le journaliste Alain Gravel (Radio-Canada) pendant plusieurs années (2008 à 2013 dans son cas). 

«La réponse, autant de la GRC que du SCRS, est que rien de la sorte ne se produit actuellement. L'enjeu au niveau fédéral n'est pas le même qu'au Québec, dit le ministre Goodale. [...] C'est la responsabilité du directeur du SCRS de répondre aux questions opérationnelles. Vous allez sur une pente très dangereuse quand vous invitez les politiciens à aller dans ce domaine.»

Hier en point de presse, le directeur du SCRS Michel Coulombe a refusé de confirmer de façon claire que des journalistes n'ont pas été visés par des mandats de surveillance du SCRS au cours des cinq dernières années. 

Questionné précisément à savoir si le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) a obtenu des mandats de surveillance sur des journalistes au cours des cinq dernières années, le directeur du SCRS Michel Coulombe a répondu «ne pas commenter sur des questions opérationnelles». Il a aussi indiqué « ne pas commenter sur les questions opérationnelles» quand il a été questionné à savoir s'il avait entamé des vérifications internes cette semaine pour savoir si son organisme avait déjà surveillé des journalistes, comme l'a fait la Sûreté du Québec. M. Coulombe a indiqué que « ce qui s'est passé au Québec ne se produit pas au niveau fédéral.»

Le commissaire de la GRC Bob Paulson a dit plus tôt cette semaine « ne pas être au courant que nous avons des enquêtes actives ou de la surveillance à l'égard de journalistes », mais la GRC n'a pas voulu confirmer si des journalistes ont été surveillés dans le cadre de ses enquêtes au cours des dernières années.

Le ministre Goodale qualifie les «révélations au Québec» sur la surveillance de journalistes de « très inquiétantes » et a l'intention de «réviser [les] balises fédérales en place pour s'assurer qu'elles soient assez fortes et efficaces, et nous sommes plus qu'ouverts à recevoir les représentations et les conseils du public, des organisations journalistiques et le communauté juridique pour savoir s'il faut, le cas échéant, faire des changements à nos lois.»