Circulez, il n'y a rien à voir. Le chef néo-démocrate sortant Thomas Mulcair a fait taire les rumeurs sur un éventuel départ précipité en se présentant devant les caméras, l'ensemble de son caucus agglutiné derrière lui, mercredi, pour illustrer qu'il a désormais l'appui «unanime» de son caucus.

Fini les commérages et magouilles, le Nouveau Parti démocratique (NPD) veut désormais se tourner vers la session parlementaire qui s'annonce et mettre de côté les batailles intestines.

Ainsi, ceux qui ont - sous le couvert de l'anonymat - exprimé leur impatience de voir M. Mulcair plier bagage ces derniers jours ont soit décidé de prendre leur mal en patience, soit constaté que leur point de vue demeurait marginal au sein de la députation et rentré dans les rangs.

Le député d'Outremont a réitéré son intention de rester chef par intérim du NPD jusqu'à ce que soit désigné son successeur, en octobre 2017, et il affirme que tous les élus sont d'accord avec cette décision. «C'était unanime de la part du caucus. Et je suis vraiment touché par ça, parce que ça démontre que tout le travail que nous on fait, depuis le début, est en train d'être apprécié», a-t-il lancé après une matinée de discussions.

ll n'y a pas eu de vote comme tel pour s'assurer que tous accordaient leur confiance à M. Mulcair. Mais selon le député montréalais Alexandre Boulerice, impossible de s'y méprendre: «À un moment donné, quand, à la fin de la discussion, tout le monde se lève et applaudit ensemble, c'est ce qu'on appelle unanime.»

À l'entrée de la rencontre de deux jours qui se tient à Montréal, M. Mulcair a invoqué le slogan utilisé par Jack Layton lors de la campagne de 2011, «travaillons ensemble», pour tenter de rameuter les brebis égarées qui voulaient le pousser vers la sortie.

Il a insisté sur le fait que ses adversaires n'étaient pas au sein de son parti, mais bien de l'autre côté de la Chambre des communes, dans les rangs du gouvernement libéral. Pour ce faire, il a fait vibrer une corde sensible au parti: celle de la mémoire de Jack Layton.

«Rappelons le slogan qui était si important pour Jack: travaillons ensemble. C'est qui nous sommes, travaillant dans une même direction pour un Canada plus juste, pour un Canada où personne n'est laissé pour compte», a-t-il lancé.

Or, c'est justement ce que certains lui reprochaient en coulisse: de ne pas travailler avec les autres. Les critiques devront toutefois être balayées sous le tapis jusqu'à ce qu'il passe le flambeau au nouveau chef.

Les militants du parti ont montré la porte à M. Mulcair en avril dernier, mais il a décidé de rester pour assurer l'intérim jusqu'à ce qu'un nouveau chef soit choisi, en octobre 2017. Pour l'instant, aucun candidat n'a pris place sur la ligne de départ.

Si, dans les corridors, les journalistes s'interrogeaient sur le sort du chef sortant, M. Mulcair, lui, a voulu rediriger l'attention vers le gouvernement de Justin Trudeau qui, à son avis, «prétend être à gauche» sans l'être véritablement. Il a évoqué la querelle entre le fédéral et Québec au sujet des transferts en santé pour affirmer que le NPD était le seul parti qui respecte le Québec.

«Lorsque le Québec répond haut et fort qu'il est inadmissible que la nouvelle ministre de la Santé ait la prétention de vouloir dicter au Québec comment livrer les services de santé et menace de retenir les sommes de fédéral si on n'écoute pas, le gouvernement québécois a tout à fait raison de dire que c'est tout à fait inacceptable, a-t-il signalé. Et le seul parti politique avec une vision où on respecte le Québec, c'est le Nouveau Parti démocratique, et j'en suis tellement fier.»

Pour la session d'automne au Parlement, il entend également imposer les thèmes des changements climatiques, du sort réservé aux Premières Nations et des libertés civiles, alors que les libéraux n'ont pas encore abrogé la controversée loi antiterroriste C-51.