Le représentant de la droite sociale dans la course à la direction du Parti conservateur, Brad Trost, a l'intention d'inclure dans sa plateforme des mesures qui rouvriraient le débat sur l'avortement.

Le Saskatchewanais, qui n'a pas encore officiellement déposé sa candidature, dit avoir l'intention de jouer à visière levée à ce chapitre.

«Sous mon leadership, les votes des députés conservateurs seraient toujours totalement libres sur ce qu'on pourrait qualifier de grands enjeux moraux: la peine de mort, l'avortement, etc.», a exposé M. Trost en entrevue téléphonique.

«Mais tout le monde saurait que le leader est antiavortement. (...) Je suis qui je suis. Je suis anti-avortement, je suis socialement conservateur et je maintiendrai toujours ces positions», a-t-il enchaîné.

Le député d'arrière-ban prévoit intégrer à sa plateforme des mesures socialement conservatrices qui, selon lui, sont appuyées par une majorité de Canadiens.

Il dérogerait ainsi à la règle d'or de Stephen Harper, qui refusait de rouvrir les débats sur les questions morales - ce qui n'a pas empêché certains de ses députés de déposer, au fil des ans, des projets de loi d'initiative parlementaire qui faisaient exactement cela.

Brad Trost songe à inclure dans sa plateforme deux de ces projets de loi: celui sur les avortements sélectifs en fonction du sexe et un autre criminalisant le fait de «blesser un enfant à naître ou causer sa mort lors de la perpétration d'une infraction».

Ces propositions sont largement considérées comme des tentatives de rouvrir en catimini le débat sur l'avortement au Canada.

Mais pour le député Trost, qui siège à la Chambre des communes depuis 2004, il n'y a aucun mal à relancer la discussion.

«Je pense que les enjeux ne sont jamais tout à fait réglés, alors oui, je n'ai aucun problème avec ça», a-t-il argué.

L'élu de la Saskatchewan, qui prévoit faire campagne sous le slogan «100 pour cent conservateur», compte officialiser sa candidature dans les prochaines semaines en déposant son formulaire et un premier versement de 25 000 $.

Il a profité de l'entrevue téléphonique pour inviter l'ancien ministre Peter MacKay à en faire autant.

Car selon lui, l'ex-député de la Nouvelle-Écosse a déjà commencé à faire campagne sans avoir annoncé publiquement sa décision.

«On peut le constater dans ses discours. Peter sait s'il se lance ou pas. Et comme il n'a pas dit qu'il y renonçait, c'est clair qu'il ira», a-t-il soutenu à l'autre bout du fil.

À l'heure actuelle, cinq candidats sont officiellement sur la ligne de départ: Maxime Bernier, Michael Chong, Tony Clement, Kellie Leitch et Deepak Obhrai.

Les deux derniers, unilingues anglophones, ont profité de l'été pour suivre des cours de français au Québec, selon des photos qu'ils ont publiées sur leur fil Twitter.

De son côté, Brad Trost reconnaît que sa maîtrise de la langue française laisse à désirer.

«Comme mon professeur m'a dit, ma grammaire, c'est un problème», a-t-il admis dans un français approximatif, avant de demander que l'entrevue se déroule dans la langue de Shakespeare.

Il compte poursuivre son apprentissage du français, car selon lui, «c'est un (prérequis) pour un candidat qui se présente pour le poste de chef d'un parti national de parler les deux langues».

Le Parti conservateur prévoit un total de cinq débats entre candidats, dont trois bilingues et un exclusivement en français, qui devrait se tenir au Québec en janvier ou en février.

Les membres de la formation politique se choisiront un nouveau chef le 27 mai 2017.

Les noms d'autres députés conservateurs pourraient s'ajouter à la liste des candidats d'ici la date limite du 24 février 2017.

Parmi les noms qui circulent figurent ceux de Steven Blaney, Lisa Raitt, Andrew Scheer et Candice Bergen, entre autres.