Avec le décès de l'ancienne députée du Nouveau-Brunswick Elsie Wayne, le Canada a perdu l'une de ses meilleures parlementaires qui défendait les «causes perdues» et une grande féministe, selon son ancien collègue Jean Charest.

En 1993, Jean Charest et Elsie Wayne étaient les seuls députés progressistes-conservateurs à avoir résisté à la vague libérale aux élections fédérales. M. Charest était le seul réélu, et Mme Wayne avait été élue pour la première fois dans la circonscription de Saint-Jean.

M. Charest dit avoir entrepris la reconstruction du parti avec sa nouvelle collègue, «une partenaire de travail absolument formidable», s'est-il souvenu en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. C'était l'autre femme de sa vie à l'époque, a-t-il dit en riant.

L'ex-premier ministre du Québec a décrit Mme Wayne comme une femme «flamboyante, intelligente et colorée», qui n'hésitait pas à adopter un ton «non politically-correct» à l'occasion.

Elsie Wayne avait une longue expérience en politique municipale avant d'entrer à la Chambre des communes. Elle avait été élue au conseil municipal en 1977 et elle est devenue la première femme à occuper le poste de mairesse de Saint-Jean, en 1983.

Mais elle n'avait pas besoin pour autant d'être «coachée» puisqu'elle savait «d'instinct» comment la politique se jouait, a indiqué M. Charest, qui était en politique fédérale depuis 1984 à l'époque.

Sa plus grande qualité, selon M. Charest, a été de défendre les «causes perdues» jusqu'au bout.

Si bien qu'un jour, à la Chambre des communes, elle s'était dirigée vers le premier ministre Jean Chrétien après la période de questions pour le haranguer de questions sur les marins de la marine marchande de la Deuxième Guerre mondiale. Elle lui tapait sur l'épaule en lui disant que les marins avaient besoin de lui et qu'il devait faire quelque chose, s'est rappelé M. Charest avec un sourire dans la voix.

Son ancien collègue estime que Mme Wayne était une féministe sans se l'avouer, «par l'exemple de sa vie». «Elle a été conseillère, elle a été mairesse, elle a été élue, elle est devenue chef par intérim. Elle n'avait pas d'inhibition», a-t-il souligné.

La colorée politicienne s'est fait connaître pour avoir défendu les anciens combattants, mais plusieurs se souviennent d'elle pour ses commentaires controversés sur le mariage gai.

Au début des années 2000, lorsque les libéraux avaient légalisé le mariage gai au pays, Mme Wayne s'était fermement opposée à une telle mesure.

«S'ils (les homosexuels) veulent vivre ensemble, qu'ils vivent ensemble et qu'ils se taisent», avait-elle lancé à la Chambre des communes en 2004.

Après s'être retirée de la politique en 2004, Mme Wayne avait souffert d'un accident vasculaire cérébral en 2009.