Le premier ministre Justin Trudeau a défendu, mardi, les faibles budgets consacrés à la défense nationale, plaidant que le Canada en fait plus que plusieurs de ses alliés lorsque la situation internationale l'exige.

L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a noté cette semaine que le budget du ministère canadien de la Défense nationale avait atteint des creux historiques l'an dernier, à 0,98 % du produit intérieur brut (PIB). Tous les pays membres de l'OTAN s'étaient entendus en 2014 pour mettre un terme aux coupes dans le secteur de la défense et à consacrer éventuellement à ce secteur 2,0 % de leur PIB.

Mais selon des documents obtenus par La Presse canadienne, le précédent gouvernement canadien ne s'est jamais vraiment engagé à respecter cette cible budgétaire, qui coûterait environ 40 milliards par année. Les conservateurs de Stephen Harper avaient discrètement poussé l'OTAN à prendre en compte d'autres contributions canadiennes menées avec des partenaires de l'OTAN, mais pas nécessairement sous l'égide de l'Alliance atlantique.

M. Trudeau a semblé récupérer cette rhétorique, mardi, lorsque les journalistes lui ont demandé si son gouvernement avait l'intention de s'engager à atteindre l'objectif de 2,0 pour cent du PIB à l'occasion du sommet de l'OTAN, vendredi et samedi à Varsovie. Le premier ministre a préféré rappeler la décision récente d'Ottawa de faire jouer au Canada un rôle de leader en Europe dans le cadre de la confrontation entre l'OTAN et la Russie.

Le Canada s'est engagé la semaine dernière à prendre la tête d'un groupe tactique de 1000 militaires en Europe de l'Est, dans le cadre du déploiement dans la région de 4000 soldats de l'OTAN, en provenance aussi de l'Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis. Le bataillon canadien sera basé en Lettonie, où les forces de l'OTAN cherchent à dissuader Moscou de tenter une agression ou une intrusion. Les Allemands, les Britanniques et les Américains joueront le même rôle en Lituanie, en Estonie et en Pologne.

«Nous avons toujours pris des engagements bien supérieurs à ceux de plusieurs pays de l'OTAN, comme le démontre l'engagement pris dans le cadre de l'Opération «Reassurance'», a plaidé M. Trudeau, de passage à Montréal mardi matin. «Nous demeurons un partenaire respecté et précieux de l'OTAN, et j'ai bien hâte de discuter avec nos partenaires sur la meilleure contribution que peut apporter le Canada.»

La question des budgets alloués à la défense sera certainement à l'ordre du jour du sommet de l'OTAN, d'autant plus que la Russie, elle, augmente ses budgets militaires depuis quelques années.

L'OTAN estime que le budget alloué par Ottawa à la défense passera cette année de 0,98 à 0,99 % du PIB, mais cette légère hausse placera tout de même le Canada au 23e rang des 28 pays membres de l'alliance.

Dans son discours au Parlement canadien, mercredi dernier, le président américain, Barack Obama, a laissé tomber que l'OTAN avait «besoin de plus de Canada», et que le monde sera plus sûr «lorsque tous les pays de l'OTAN, y compris le Canada, contribueront à part entière à notre sécurité commune».

Des sénateurs américains, tout comme le candidat à l'investiture républicaine Donald Trump, ont soutenu que certains pays de l'OTAN ne contribuaient pas leur juste part.

David Perry, analyste à l'Institut canadien des affaires mondiales, estime qu'il serait pratiquement inimaginable qu'un premier ministre canadien accepte un jour de s'engager à atteindre la cible de 2,0 % du PIB - ce qui signifierait de doubler le budget actuel de la défense. En revanche, le Canada pourrait difficilement maintenir une armée moderne et efficace sans investir davantage, croit le professeur Perry.