Vaches et tracteurs ont pris d'assaut la colline du Parlement jeudi, à Ottawa, alors que plusieurs centaines de producteurs de lait ont manifesté pour réclamer plus d'action dans le dossier de l'importation du lait diafiltré.

Un convoi de tracteurs - certains partis de Québec en début de semaine - précédait les manifestants inquiets pour leur gagne-pain.

À bord de l'un de ces tracteurs, Michel Crête, qui avait fait le chemin depuis Sainte-Agnès-de-Dundee, en Montérégie, a expliqué que l'importation du lait diafiltré affectait ses revenus et freinait la modernisation de sa ferme. «On a de grosses pertes, ça nous affecte et ça nous empêche de faire des investissements dans l'entreprise», a-t-il insisté.

Les producteurs de lait canadiens estiment que l'importation de lait diafiltré leur a fait perdre 220 millions $ l'an dernier.

Ce lait, filtré à plusieurs reprises pour en garder une substance riche en protéines, est surtout utilisé dans la fabrication des fromages. Il est considéré comme un ingrédient lorsqu'il traverse la frontière, ce qui lui permet de contourner le système de gestion de l'offre qui prévaut au Canada pour le lait, les oeufs et la volaille.

Plusieurs agriculteurs accusent les troupes libérales de rester les bras croisés devant ce qu'ils considèrent une concurrence injuste.

«On a besoin que notre gouvernement mette ses culottes, contrôle les frontières et travaille pour nous», a plaidé Chis Ryan, un fermier de St-Isidore en Ontario, qui avait amené sa vache «Ninja» à la manifestation.

«On nous a dit en avril passé (qu'un geste) était imminent. Malheureusement, il n'y a pas de grande volonté politique de la part du gouvernement, à l'heure actuelle», a déploré Serge Lapointe, un producteur de Lambton en Estrie, qui dit perdre 25 000 $ par an en raison du lait diafiltré.

Les producteurs s'inquiètent aussi pour la relève, qui se fait timide. Danie Gilbert, fille de producteur du Lac-Saint-Jean, ne sait pas si elle reprendra la ferme familiale, mais elle se dit inquiète pour l'avenir.

«Il y a beaucoup de pertes d'argent. Avec la gestion de l'offre qui est menacée, on ne sait pas ce que ça va devenir. Pour la relève, les fermes vont-elles disparaître?», s'est demandé la jeune femme de 20 ans.

Les producteurs de lait viennent également exprimer leur attachement à la gestion de l'offre, récemment mise à mal par le député Maxime Bernier, candidat à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC).

Ils veulent également s'assurer d'obtenir les compensations promises lorsque le Partenariat transpacifique (PTP) et l'accord de libre-échange avec l'Union européenne entreront en vigueur.