Le Canada a été formellement invité à se joindre au Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), a appris La Presse. Ce groupe sélect de 26 pays et organisations, coprésidé par les États-Unis et la Russie, s'active à faire respecter un cessez-le-feu en Syrie, ravagée par une guerre civile depuis 2012.

Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, doit arriver à Vienne, aujourd'hui, afin de participer à la prochaine réunion de ce groupe qui s'est rencontré pour la première fois à l'automne 2015 dans l'espoir de relancer le processus de paix en Syrie et de trouver une solution diplomatique durable à la crise. Pour l'heure, l'accord de cessation des hostilités, qui est entré en vigueur le 27 février, tient le coup.

Le secrétaire d'État américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov seront présents à cette réunion qui doit permettre de « consolider la cessation des hostilités [...], faire en sorte qu'il y ait un accès humanitaire dans tout le pays et accélérer la transition politique » en Syrie entre le régime et les groupes de l'opposition modérée, selon le département d'État.

Dans une déclaration écrite, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion s'est réjoui de voir que le Canada est maintenant à la table. « Le rôle du Canada dans la lutte pour la paix et la protection des civils dans la région sera rehaussé par notre participation au GISS. L'invitation de cette semaine démontre bien les avantages de l'engagement par rapport à l'isolement, et la force de l'engagement du Canada envers le multilatéralisme », a-t-il affirmé.

« Le monde nous voit comme un partenaire crédible »

Plusieurs craignaient que le Canada ne perde toute crédibilité auprès de ses principaux alliés quand le gouvernement libéral de Justin Trudeau a annoncé qu'il rapatriait au pays les six avions de chasse qui participaient aux frappes aériennes d'une coalition internationale contre des cibles du groupe armé État islamique (EI) situées en Irak et en Syrie.

« C'est l'un des enjeux humanitaires et de sécurité les plus importants à l'heure actuelle. Le monde nous voit comme un partenaire crédible sur des enjeux fondamentaux. Nos signaux en faveur d'un engagement plus soutenu, notamment envers les États-Unis et l'ONU, ont beaucoup aidé. Cela prouve aussi que nos alliés apprécient notre plan et notre contribution pour contrer l'EI », a indiqué à La Presse une source gouvernementale qui a requis l'anonymat.

En campagne électorale, les libéraux de Justin Trudeau ont promis de rapatrier les avions de chasse canadiens et de mettre davantage l'accent sur la formation de troupes locales au sol dans le nord de l'Irak pour lutter contre l'EI et d'augmenter considérablement l'aide humanitaire pour les réfugiés.

En janvier, le Canada n'a pas été invité à une rencontre réunissant à Paris les principaux membres de la coalition internationale luttant contre l'EI. La rencontre avait été organisée par les États-Unis, qui avaient invité les ministres des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de la France, de l'Italie, de l'Australie et des Pays-Bas. À l'époque, le gouvernement Trudeau n'avait pas encore fait connaître ses intentions quant à la nature de ses efforts en Irak et en Syrie après le retrait des CF-18.

Le Parti conservateur avait vu là une preuve que le Canada avait perdu la cote auprès de ses alliés. « C'est honteux que nos alliés doivent combattre sans nous », avait notamment déclaré la leader intérimaire du parti, Rona Ambrose.

Plus de 270 000 morts

« L'invitation à se joindre au GISS constitue un signe clair que le Canada contribue activement à la lutte contre le soi-disant État islamique et à l'instauration de la paix et de la stabilité en Irak et en Syrie. Son engagement et sa détermination inébranlable portent leurs fruits. Grâce à sa participation au GISS, le Canada sera mieux outillé pour aider à restaurer la paix, à fournir des secours humanitaires et à protéger les Canadiens », a-t-on indiqué au ministère des Affaires étrangères.

Dans le conflit en Syrie, qui a fait plus de 270 000 morts, le Canada estime qu'un règlement politique négocié « est la seule option pour mettre fin à la guerre ».

La réunion de Vienne intervient au moment où la Russie et les États-Unis se sont engagés à « redoubler d'efforts » pour aboutir à un règlement politique du conflit syrien. Si Moscou s'est engagé à faire pression sur Damas pour « limiter » ses bombardements, Washington a, de son côté, promis d'« augmenter le soutien à ses alliés régionaux pour les aider à empêcher la circulation des combattants, des armes ou des moyens de soutien financier aux organisations terroristes à travers leurs frontières », selon la déclaration commune de la Russie et des États-Unis, publiée le 9 mai.

- Avec l'Agence France-Presse

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Qu'est-ce que le GISS?

Le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) regroupe 26 pays et organisations, dont les Nations unies. Toutefois, ce groupe ne compte aucune représentation des différentes forces présentes en Syrie. Le GISS est coprésidé par les États-Unis et la Russie. Le Canada en fait maintenant partie.