Alors que la «bataille des toilettes» qui fait rage aux États-Unis force l'administration de Barack Obama à intervenir pour protéger les droits des personnes transgenres, le premier ministre Justin Trudeau confirmera ce soir à Montréal que son gouvernement déposera demain à la Chambre des communes un projet de loi pour protéger les personnes trans.

M. Trudeau sera de passage dans la métropole afin de recevoir le prix Laurent-McCutcheon 2016 pour son engagement contre l'homophobie et la transphobie, remis par la Fondation Émergence.

Il en profitera pour annoncer que son gouvernement déposera aux Communes, à l'occasion de la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, un projet de loi pour protéger les personnes transgenres - une promesse électorale des libéraux.

Sous l'oeil attentif de Washington

L'ambassade du Canada à Washington a l'intention d'utiliser les médias sociaux pour expliquer la voie que compte emprunter le gouvernement canadien dans la protection des droits de la personne, a-t-on indiqué.

En mars, la Caroline du Nord a adopté une loi qui impose aux personnes transgenres d'utiliser les toilettes en fonction de leur sexe de naissance.

Cette loi a été jugée discriminatoire par de multiples personnalités, issues de la société civile ou du Parti démocrate. Mais la majorité des élus républicains s'est bien gardée de mettre son grain de sel dans ce débat.

En réponse au refus des autorités de la Caroline du Nord d'abroger cette loi, le président Obama a publié vendredi des directives contre la discrimination des personnes transgenres en milieu scolaire.

Ces directives stipulent que l'accès aux toilettes et aux vestiaires publics doit se faire selon le sexe auquel un élève s'identifie, et non selon son sexe de naissance. «Aucun élève ne devrait se sentir indésirable dans une école ou un campus», a affirmé le ministre de l'Éducation John King. Mais des élus conservateurs ont réagi en dénonçant un «chantage» et un abus de pouvoir de la Maison-Blanche.

La contribution de Trudeau honorée

On ignore pour le moment si le premier ministre Justin Trudeau évoquera la polémique aux États-Unis lorsqu'il recevra son prix des mains de la ministre de la Justice du Québec, Stéphanie Vallée, lors d'une cérémonie qui aura lieu au siège social de la Banque Nationale à Montréal.

Le prix Laurent-McCutcheon est remis annuellement à une personnalité qui s'est illustrée de façon manifeste dans la lutte contre l'homophobie et la transphobie au cours de sa carrière. Selon le président de la Fondation Émergence, M. Claude Leblond, et les membres du conseil d'administration, M. Trudeau mérite ce prix parce qu'il a contribué à démystifier les réalités lesbiennes, gaies, bisexuelles et transidentitaires (LGBT) au Québec et au Canada.

La Fondation Émergence a souligné notamment que M. Trudeau s'est engagé à adopter une loi qui protégera davantage les droits des personnes trans et a confirmé qu'il sera le premier premier ministre à participer à un défilé de la fierté gaie cet été.

M. Trudeau a aussi indiqué avoir l'intention d'accorder le pardon aux homosexuels qui ont été condamnés pour leur orientation sexuelle avant 1969 et a réitéré à plusieurs reprises que la reconnaissance du mariage gai fait partie de ses principes politiques fondamentaux.

Polémique en Caroline du Nord

Aux États-Unis, la polémique sur l'accès aux toilettes publiques pour les personnes transgenres a pris un virage judiciaire, avec des actions opposées lancées par le ministère de la Justice et le gouverneur de Caroline du Nord.

Selon la ministre de la Justice Loretta Lynch, la loi controversée adoptée le 23 mars «revient à infliger davantage d'indignité à une communauté qui a déjà souffert bien plus que son dû».

Le texte a d'ailleurs déclenché une tempête dépassant largement les frontières de la Caroline du Nord, avec des protestations nationales, voire internationales, car impliquant des firmes étrangères comme Deutsche Bank.

Les artistes ont été les fers de lance de cette contestation, parmi lesquels Bruce Springsteen, Pearl Jam, Bryan Adams et Ringo Starr.

- Avec l'Agence France-Presse