Stephen Harper n'en démord pas: le comportement de Mike Duffy était inacceptable, a-t-il tranché mardi, près d'une semaine après le verdict de non-culpabilité prononcé à l'égard du sénateur.

L'ex-premier ministre est sorti du mutisme dans lequel il s'est emmuré depuis sa défaite électorale par l'entremise d'une lettre écrite par son avocat, Robert Staley, et publiée mardi après-midi sur le site web du Ottawa Citizen.

«Cette conclusion [du juge] ne devrait pas être lue comme un concours entre M. Duffy et mon client, dans lequel M. Duffy a prévalu», a fait valoir l'avocat.

D'abord, a-t-il insisté, M. Harper n'a pas tenté d'influencer la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour qu'elle dépose des accusations contre le sénateur. «Mon client n'a pas non plus affirmé que M. Duffy devrait être accusé au criminel», a plaidé MStaley.

Il a plutôt maintenu que «sa position était, et demeure, que le comportement dont a fait preuve M. Duffy était inacceptable. C'était l'opinion de mon client, et ça le demeure, qu'une charge publique requiert un standard plus élevé de conduite, qui est loin de la criminalité».

Robert Staley, un associé spécialisé en droit commercial au sein de la firme Bennett Jones à Toronto, dit avoir eu le mandat de représenter le premier ministre à partir de la mi-2013. C'est vers le mois de mai 2013 que le Sénat a transmis le dossier à la GRC.

«Tant que M. Duffy faisait face à des accusations criminelles, mon client, et quiconque agissait en son nom, ne pouvait en vertu de la règle du sub judice faire des déclarations qui pourraient porter préjudice aux procédures de la cour», a-t-il exposé d'entrée de jeu.

Mais «maintenant que le juge Charles Vaillancourt a rendu sa décision à l'égard du procès, il est possible de commenter publiquement certains aspects du dossier».

UN NOUVEL AUDIT SUGGÉRÉ

Cette sortie publique de M. Harper, plutôt inattendue, survient alors que le juge Charles Vaillancourt a blâmé sévèrement son entourage, dont son chef de cabinet de l'époque, Nigel Wright, pour avoir forcé Mike Duffy à admettre ses torts et rembourser le Sénat, sachant pourtant qu'il n'avait rien fait d'illégal.

Son avocat a martelé que l'ex-premier ministre a entièrement collaboré à l'enquête de la GRC, lui donnant accès à un vaste éventail de documentation, dont des communications visées par le privilège avocat-client. Cette documentation «a rendu disponible un registre écrit complet sur la manière dont les employés de mon client ont géré des questions éthiques complexes et en pleine évolution».

Il a suggéré que le vérificateur général entreprenne maintenant un audit des dépenses du sénateur Duffy, s'étant abstenu de le faire en raison de l'enquête policière. Mais l'appétit pour une telle démarche semble limité: au bureau du vérificateur général et au comité de régie interne du Sénat, on a déclaré mardi que cet audit est bel et bien terminé. 

La lettre porte le titre «Stephen Harper a agi honorablement dans l'enquête sur Mike Duffy; maintenant, il est temps que d'autres autorités fassent leur travail». 

Me Staley la termine en invitant le Sénat à adopter des règles plus claires.