Le gouvernement fédéral a identifié une source potentielle de financement pour aider à payer le coût grandissant des infrastructures au Canada, et cela pourrait impliquer de vendre des parts dans des projets publics majeurs comme les autoroutes, les voies ferrées et les ports.

Une phrase contenue dans le budget fédéral présenté en mars révèle que les libéraux envisagent d'ouvrir les projets d'infrastructure aux investisseurs non gouvernementaux, comme les régimes de retraite publics.

La phrase en question mentionne le «recyclage d'actifs», un système conçu pour récolter des fonds afin d'aider les gouvernements à financer des améliorations aux infrastructures existantes et, possiblement, à construire de nouveaux projets.

Pour les grands investisseurs comme les régimes de retraite publics, le recyclage d'actifs offre un accès à des investissements fiables avec des rendements prévisibles, à travers des sources de revenus qui pourraient comprendre des tarifs d'utilisation comme les péages.

Le recyclage d'actifs attire de plus en plus l'attention sur la scène internationale, et l'un des exemples les plus connus se trouve en Australie. Le gouvernement australien a lancé un plan en vue d'attirer des milliards de dollars en capitaux en offrant des mesures incitatives à ses États et territoires qui vendent des parts dans les actifs publics.

Les partisans du recyclage d'actifs affirment que le fait de permettre aux grands investisseurs de participer aux projets d'infrastructures peut aider les gouvernements à éviter de cumuler des dettes ou d'augmenter les impôts.

«Le recyclage d'actifs est une façon d'attirer les investissements du secteur privé dans des activités qui étaient jusque-là formellement et exclusivement du domaine public, explique Michael Fenn, un ancien sous-ministre ontarien et conseiller en gestion d'actifs spécialisé dans le secteur public. C'est une chose à laquelle nous devrions prêter beaucoup d'attention et je suis ravi de voir que le gouvernement fédéral y songe sérieusement.»

Le recyclage d'actifs soulève toutefois des préoccupations. Andrew McNeill, chercheur pour l'un des plus grands syndicats du Canada, la National Union of Public and General Employees, estime que cela équivaut à une forme de privatisation, ce qui, selon lui, a une connotation négative.

Le modèle australien de recyclage d'actifs a été promu «très énergiquement par des entreprises qui profitent de la privatisation», affirme M. McNeill.

Il s'inquiète de la possibilité que les gouvernements utilisent ce procédé pour attirer du financement à court terme à des fins politiques. Selon M. McNeill, un tel modèle pourrait aussi signifier des baisses de salaire pour les travailleurs.