Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion vient de donner le feu vert aux licences permettant l'exportation de blindés légers et de leur armement à l'Arabie saoudite, a appris La Presse.

Cette décision controversée a été rendue discrètement vendredi. Elle est fondée sur une analyse ministérielle reconnaissant que l'Arabie saoudite commet des violations des droits de la personne sur son propre territoire, ainsi qu'en ciblant des cibles civiles au Yémen.

« Mais il n'y a aucune indication que de l'équipement d'origine canadienne, incluant les blindés légers, ait pu être utilisé dans des actions contraires aux lois humanitaires internationales », conclut le document.

Ce mémorandum a été obtenu grâce à une demande d'accès à l'information présentée par le juriste Daniel Turp, qui dirige un recours contre le contrat de vente de blindés devant la Cour fédérale. Le contrat de 14 milliards a été conclu sous le gouvernement de Stephen Harper. Malgré les critiques, le gouvernement Trudeau refuse de revenir sur cette décision.

On peut lire dans les documents acheminés à Daniel Turp que l'Arabie saoudite « est un partenaire clé pour le Canada, et un allié stable et important dans une région frappée par l'instabilité, le terrorisme et les conflits ». Le document émane d'Affaires mondiales Canada - un regroupement des ministères des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et du Développement international.

L'Arabie saoudite est aussi le plus important partenaire commercial du Canada au Moyen-Orient, et c'est le troisième plus gros producteur de pétrole de la planète, poursuivent les auteurs du document, qui décrivent le royaume saoudien comme un gage de sécurité régionale et une protection face à la menace posée par l'Iran et par le groupe État islamique.

Oui, le Canada est préoccupé par les atteintes aux droits de la personne en Arabie saoudite, mais rien ne démontre que des exportations militaires canadiennes aient pu y contribuer, lit-on dans le mémorandum.