La première ministre albertaine Rachel Notley s'oppose fermement à l'intention du Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral de considérer des politiques radicalement différentes qui auraient des impacts considérables sur sa province tributaire du secteur énergétique.

Lors d'une conférence de presse, lundi, Mme Notley a qualifié «d'irréfléchies» les propositions du controversé manifeste «Un bond vers l'avant».

«Le gouvernement de l'Alberta rejette les sections de ce document qui portent sur l'infrastructure énergétique. Ces idées ne feront jamais partie d'une politique. Elles sont naïves. Elles sont infondées. Elles sont bornées», a-t-elle lancé.

Elle a toutefois mentionné qu'elle ne tenterait pas de dissocier la section albertaine du NPD de son pendant fédéral. Rachel Notley souhaite plutôt faire entendre raison aux membres du parti.

«Ces gens qui ont ce petit document devant eux pourraient très bien se voir présenter d'autres documents devant eux rapidement pour que l'étendue, la portée, la profondeur, la réflexion, l'information et les recherches sur cette conversation s'améliorent substantiellement», a-t-elle expliqué.

Le manifeste prône un changement radical et accéléré de l'économie canadienne pour délaisser les énergies fossiles et combattre efficacement les changements climatiques.

Le texte réclame notamment un moratoire sur la construction de pipelines, liés aux ressources non renouvelables. Il suggère aussi que le Canada s'approvisionne en électricité exclusivement par des énergies renouvelables d'ici vingt ans et qu'il s'affranchisse totalement des ressources non renouvelables d'ici 2050.

Réunis en congrès à Edmonton cette fin de semaine, les délégués du parti fédéral ont donné leur accord afin de poursuivre la réflexion sur les propositions contenues dans le document.

Mme Notley milite activement pour la construction d'un nouvel oléoduc dans sa province, qui est frappée de plein fouet par la chute des prix du pétrole sur le marché international. Le gouvernement albertain présentera son budget 2016-2017, jeudi, qui devrait afficher un déficit de 10 milliards $.

La ministre albertaine de l'Environnement, Shannon Phillips, estime que le document est mauvais pour sa province et que plusieurs personnes se sentent comme si le NPD leur avait «manqué de respect».

«Il n'y a eu personne qui a tendu la main à l'Alberta avant que ce soit présenté sur le plancher du congrès dans notre capitale», a-t-elle pesté.

La vice-première ministre Sarah Hoffman croit d'ailleurs que le manifeste fera l'objet de débats dans d'autres provinces productrices de pétrole - pas seulement en Alberta.

Le seul autre premier ministre néo-démocrate au Canada, Greg Selinger, du Manitoba, a été interrogé sur le sujet à Winnipeg, alors qu'il est en pleine campagne pour l'élection provinciale qui aura lieu plus tard ce mois-ci.

«Ce que je comprends, c'est qu'ils veulent l'analyser et, c'est juste, nous devrions toujours être ouverts à de nouvelles idées et de nouvelles manières de faire», a-t-il affirmé.

Le gouvernement de Rachel Notley met de l'avant un plan qu'il considère pragmatique et réaliste pour s'attaquer aux changements climatiques. Il comprend une taxe sur le carbone, un plafond sur les émissions des sables bitumineux et l'élimination des centrales au charbon d'ici 2030.

Les politiciens de l'opposition de toutes les couleurs ont accusé Mme Notley de ne pas avoir défendu convenablement son plan pour le climat, qui se conjugue avec la construction d'oléoducs.

«Ce test d'acceptabilité sociale a échoué sur tous les points», a déploré Brian Jean, le chef du parti Wildrose.

La fin de semaine dernière a aussi été marquée par une défaite cuisante du chef du NPD, Thomas Mulcair, qui s'est fait montrer la porte par ses militants. Mme Notley a écarté la possibilité de se présenter dans la course à la direction du parti fédéral.