Le premier ministre Justin Trudeau a affirmé lundi qu'il offrira à nouveau les excuses officielles du Canada, mais aux Communes cette fois, pour le renvoi en 1914 d'un navire sur lequel arrivaient des centaines de migrants indiens, au port de Vancouver.

Ces excuses seront offertes le 18 mai, presque 102 ans après l'incident du Komagata Maru, un navire parti de Hong Kong. À leur arrivée à Vancouver, les 376 passagers qui se trouvaient à bord - la plupart des sikhs - se sont vu refuser l'entrée au pays en raison des lois canadiennes d'immigration de l'époque.

Le bateau est finalement reparti vers Calcutta, en Inde, où au moins 19 personnes furent tuées lors d'un accrochage avec des soldats britanniques; d'autres passagers furent quant à eux emprisonnés.

L'ex-premier ministre conservateur Stephen Harper s'était déjà excusé pour cet incident en 2008, lors d'un événement en Colombie-Britannique, mais les membres de la communauté sikhe du Canada demandaient que des excuses officielles soient présentées au Parlement. Les libéraux appuient cette demande depuis 2008 et M. Trudeau s'y était engagé lors de la dernière campagne électorale.

« On les a complètement laissé tomber », a admis lundi le premier ministre Trudeau, dans un discours lors de la célébration à Ottawa du Vaisakhi, une fête sikhe. « Comme nation, nous ne devrions jamais oublier les préjugés dont a souffert la communauté sikhe de la part du gouvernement canadien de l'époque. Nous ne devrions pas oublier et nous n'oublierons pas », a-t-il promis.

« Des excuses présentées devant la Chambre des communes n'effaceront ni la douleur ni les souffrances de ceux qui ont vécu cette expérience honteuse. Mais des excuses s'imposent, c'est ce qu'il faut faire, et la Chambre est l'endroit qui convient pour les présenter. »

On compte aujourd'hui 17 députés sikhs au Parlement fédéral, dont le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan. Avant d'être élu aux Communes, M. Sajjan avait été commandant du Régiment de Colombie-Britannique, celui-là même qui avait reçu il y a 102 ans l'ordre du gouvernement canadien de refuser l'accostage des passagers du Komagata Maru.