L'avenir de Thomas Mulcair à la tête du NPD demeure incertain à cinq jours du vote de confiance qui aura lieu à Edmonton dimanche. Son sort pourrait bien se sceller par des tractations de coulisses au congrès néo-démocrate à compter de vendredi, et par le discours qu'il doit prononcer dimanche, quelques minutes avant le vote.

Le président du Congrès du travail du Canada, Hassan Yussuff, a fait une sortie en règle contre Thomas Mulcair hier et réclamé son départ pour que le NPD se choisisse un nouveau leader. M. Mulcair a toutefois minimisé l'importance de cette prise de position, en marge d'un discours prononcé à Montréal au Congrès national d'orientation du Syndicat des Métallos.

Le Congrès du travail du Canada représente 3 millions de travailleurs canadiens, mais il fait office d'organisation « parapluie » qui chapeaute plusieurs groupes syndicaux. Ainsi, l'organisme n'enverra qu'une demi-douzaine de délégués sur les quelque 1500 qui auront droit de vote à Edmonton.

Le Syndicat des Métallos, qui a signé une lettre d'appui à M. Mulcair la semaine dernière en compagnie de quatre autres grands syndicats du pays, enverra à lui seul plus de 90 délégués.

«Les principaux syndicats sont en désaccord avec ces commentaires. J'ai grande confiance dans le leadership de Thomas Mulcair», a tranché hier Ken Neumann, directeur national pour le Canada du Syndicat des Métallos. Il estime que ces 90 délégués voteront en grande partie de manière uniforme.

Les syndicats disposeraient ainsi de 500 à 600 délégués au congrès du week-end. Le reste des 1500 délégués sera composé en majeure partie de représentants des 338 circonscriptions canadiennes, ainsi que des 44 députés néo-démocrates à la Chambre des communes.

Comme le mouvement syndical, les députés et les militants de partout au pays sont eux aussi divisés sur la question du leadership de M. Mulcair. Le caucus des députés du Québec a publié une lettre pour l'appuyer, mais des députés du reste du Canada ont refusé de le soutenir publiquement.

À quelques jours du vote fatidique, prédire l'issue du scrutin demeure donc un exercice périlleux. À Ottawa, des membres du parti semblent raisonnablement optimistes quant aux chances que leur chef passe le test. Mais la question demeure : avec quels appuis ? Le seuil fixé par la constitution du parti est de plus de 50%.

Un seuil évoqué

«Je sais que comme chef, je dois jouir d'un bon appui, et le genre de chiffre [70%] évoqué par [la présidente du parti] Rebecca Blaikie est le genre de chiffre que j'ai entendu à travers le pays», a affirmé le chef néo-démocrate en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne hier.

En marge de son discours à Montréal, il a cependant évité de fixer ce seuil de manière ferme. «J'ai toujours été très prudent de ne jamais donner de chiffres, a-t-il déclaré. C'est quelque chose que je vais avoir à évaluer avec les membres. Je vais travailler sans relâche comme je fais depuis des mois.»

L'une des tâches les plus importantes de Thomas Mulcair au cours des prochains jours sera de convaincre les délégués lors de son discours prévu pour 10h15 dimanche, seulement 45 minutes avant le début du vote. M. Mulcair doit y préciser sa vision d'avenir pour le parti, au moment où on lui reproche de s'être écarté des idéaux progressistes du NPD lors de la dernière campagne et de l'avoir depuis plongé au plus profond des intentions de vote.

La réflexion des délégués continuera elle aussi de cheminer entre-temps, au gré des discussions, débats sur l'avenir du parti et réunions derrière des portes closes. Une rencontre des délégués syndicaux est d'ailleurs prévue pour vendredi midi à Edmonton, de même qu'une rencontre des membres du caucus.