Les votes ne s'achètent pas. Du moins, c'est ce qui ressort des rapports financiers de campagne qui ont été soumis à Élections Canada par les femmes et les hommes ayant tenté de mettre la main sur un siège de la Chambre des communes lors des élections fédérales de l'automne dernier.

Le plus souvent, les candidats les plus dépensiers n'ont pas gagné le 19 octobre, selon une analyse réalisée par La Presse Canadienne.

Et si dépenser beaucoup ne garantissait pas nécessairement la victoire, ne pas dépenser suffisamment pour demeurer concurrentiel par rapport à ses adversaires était le moyen le plus sûr d'être défait, indique l'analyse.

Parmi les 100 candidats les plus prodigues du scrutin, 57 ont été vaincus, dont 12 par des rivaux faisant aussi partie de ce palmarès.

Les résultats pour les 50 plus dépensiers étaient encore pires, environ trois cinquièmes d'entre eux, soit 31 candidats au total, ayant échoué à se faire élire. Sur le lot, six ont été défaits par des candidats figurant également dans le top 50.

L'analyse est basée sur les dépenses visées par le plafond des dépenses électorales imposé par la loi. Les autres dépenses comme l'essence et le kilométrage liés à l'usage d'un véhicule personnel, les frais de garde d'enfants ou les réceptions servant à remercier les bénévoles doivent être rapportées à Élections Canada, mais ne sont pas concernées par le plafond.

Cette analyse pourrait contribuer à expliquer pourquoi la campagne de 11 semaines a fini par se transformer en une bataille entre le Parti libéral et le Parti conservateur, qui sont les formations politiques les mieux nanties du pays, dont le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti vert ont été exclus.

En moyenne, les candidats conservateurs ont dépensé 90 665 $, soit beaucoup plus que les 71 660 $ déboursés par leurs opposants libéraux. Les candidats néo-démocrates ont dépensé 54 404 $ alors que leurs homologues verts ont déboursé à peine 12 642 $.

Royce Koop, un politicologue de l'Université du Manitoba, affirme qu'il ne fait aucun doute que l'argent puisse aider un candidat à gagner, particulièrement dans les circonscriptions très disputées.

Par exemple, le candidat néo-démocrate Kennedy Stewart a dépensé près de 180 600 $ pour sa campagne dans Burnaby-Sud, en Colombie-Britannique, alors que son adversaire libéral, Adam Pankratz, a déboursé 33 902 $. M. Pankratz a perdu par seulement un point de pourcentage, un résultat qui, selon M. Koop, aurait pu être différent si le libéral avait été plus compétitif sur le plan financier.

«La plupart des Canadiens pensent au parti lorsqu'ils votent, alors les dépenses et les bénévoles au niveau local auront un impact beaucoup plus grand dans les courses serrées, indique-t-il. Si vous menez une bonne campagne, une campagne bien financée et dotée d'un nombre suffisant d'employés, vous allez être en mesure de devancer juste assez votre opposant.»