L'un des moments les plus marquants de David MacNaughton depuis son entrée en fonction comme ambassadeur du Canada aux États-Unis a été sa promenade en voiture avec son patron, le premier ministre Justin Trudeau.

Alors que leur cortège se faufilait dans les rues de Washington, lui, M. Trudeau et la femme du premier ministre, Sophie Grégoire, discutaient de leur première visite dans la capitale américaine.

Pour le premier ministre, c'était il y a quelques années alors qu'il était chef de l'opposition. Sophie Grégoire en était quant à elle à sa première visite à Washington - rares sont ceux qui se rendent la première fois dans une ville pour participer à un souper d'État et à une cérémonie militaire sur le parterre de la Maison-Blanche.

«Et (le premier ministre) m'a demandé: »Quand êtes-vous venu pour la première fois à Washington?« Je lui ai répondu: »Avec votre père«», s'est souvenu David MacNaughton.

L'ambassadeur canadien a parlé de son premier mois en poste lors d'un entretien avec La Presse Canadienne à son bureau, dont la vue donne sur le capitole des États-Unis.

Il n'a pas chômé depuis son arrivée, le 29 février - le premier ministre Trudeau a organisé trois voyages aux États-Unis dernièrement. En plus de sa visite officielle à la Maison-Blanche, il a fait une escale au siège des Nations unies et la semaine prochaine, il sera de retour dans la capitale américaine pour participer à un sommet nucléaire et à un forum économique.

David MacNaughton a foulé le sol de Washington pour la première fois il y a quarante ans. Le jeune employé politique avait eu le privilège à l'époque de dormir dans la prestigieuse résidence des invités du président américain - où ont séjourné plusieurs premiers ministres, dont Pierre Eliott Trudeau et son fils.

Il conserve un souvenir inébranlable d'un événement de ce voyage qui a eu lieu en l'absence du premier ministre Pierre Eliott Trudeau.

M. Trudeau s'était séparé de sa délégation pour participer à un dîner en compagnie du président américain de l'époque, Gerald Ford. Le jeune employé de 25 ans s'était alors retrouvé à un événement du département d'État, où il a été placé à côté d'un célèbre personnage controversé de l'histoire américaine: l'ex-secrétaire d'État Henry Kissinger.

«C'était un moment où on se pince et que je ne pensais pas vraiment revivre», a-t-il souligné. Mais ce sentiment est revenu, a-t-il dit.

Son parcours professionnel l'aura mené une fois de plus aux États-Unis. M. MacNaughton avait fondé une firme de relations publiques et de consultants qui avait étendu ses activités aux États-Unis.

L'ambassadeur a connu deux membres influents du bureau de l'actuel premier ministre lors de son implication en politique provinciale. Il avait codirigé la campagne victorieuse de David Peterson, en Ontario, avant de travailler pour un autre premier ministre, Dalton McGuinty. C'est là qu'il a connu Katie Telford et Gerald Butts - qui sont respectivement la chef de cabinet et le secrétaire principal de Justin Trudeau. Ils avaient travaillé ensemble une fois de plus à la dernière campagne électorale en Ontario.

L'opposition à Ottawa a qualifié sa nomination de partisane - une accusation qu'ont rejetée les libéraux.

M. Butts a affirmé que le parti avait fait ses devoirs en consultant plusieurs personnes pour décider qui serait le prochain ambassadeur à Washington. Mis à part les qualités évidentes - la compétence et l'instinct politique -, un autre critère revenait souvent: la proximité avec le pouvoir au Canada. Apparemment, les Américains veulent s'adresser à quelqu'un qui bénéficie de l'écoute du premier ministre.

«Nous avons tous travaillé avec David pendant des années. C'est l'un des meilleurs avec qui nous avons travaillé. Le premier ministre lui fait confiance», a-t-il expliqué.

L'ambassadeur MacNaughton est maintenant en train d'élaborer une liste de choses à faire après avoir été informé des dossiers chauds entre les deux pays. Lors de la visite de M. Trudeau, les dirigeants ont annoncé des ententes sur les changements climatiques, l'Arctique et les frontières.

Un autre moment marquant pour lui a été son passage dans le bureau ovale de la Maison-Blanche avec sa famille. Pendant sa visite, le président Barack Obama a même fini par lui demander des conseils parentaux: «La question qu'il m'a demandée était: »Vous avez quatre filles. J'en ai deux. Avez-vous des conseils?«»

«Je lui ai raconté l'histoire de ma fille qui est rentrée à la maison l'autre jour, je crois qu'elle avait 15 ans. Elle m'a dit: »Papa, je ne comprends pas - tous mes amis garçons ont peur de toi«», a-t-il dit en riant. Il lui a simplement répondu: «Parfait».