Obligé d'expliquer un déficit trois fois plus élevé que prévu, le premier ministre Justin Trudeau dit qu'il n'est pas question de calculs mathématiques, mais bien de la vie des gens.

M. Trudeau faisait une petite tournée d'entrevues mercredi matin - deux antennes radio à Ottawa et deux stations de télévision dans l'ouest du pays.

À tous ces micros, le premier ministre a répété que le temps est idéal pour faire des emprunts et tenter ainsi de relancer l'économie canadienne.

Comme son ministre des Finances la veille, il a prédit que si l'économie croît suffisamment, l'équilibre budgétaire serait au bout du chemin. Mardi, le ministre Bill Morneau parlait, dans ces conditions, d'un budget équilibré dans cinq ans.

Devant l'insistance de l'animateur à la radio de Radio-Canada en Outaouais, M. Trudeau a dit que ses dépenses ne se faisaient pas «dans le néant» ou pour un «calcul mathématique».

«Ce n'est pas un calcul mathématique, c'est de l'argent investi dans la vie des gens qui va avoir un impact positif, réel, dans leur vie. Et ça, c'est une bonne chose parce que les gens en ont besoin», a-t-il répondu.

Puis, il a cité les projets d'infrastructures qui faciliteraient les déplacements des travailleurs et les allocations pour les enfants qui allégeraient le fardeau des familles.

«C'est des dépenses qu'on fait, des investissements qu'on fait, pour du transport collectif, pour aider les gens à se rendre au travail de façon plus efficace, pour investir dans nos routes, dans nos ports, pour aider les familles qui sont en train de vivre des moments d'endettement extrêmement élevés, qui ont besoin d'avoir de l'optimisme et de la confiance», a-t-il insisté.

Pendant les quatre entrevues, le premier ministre a décliné sur tous les tons qu'il serait «insensé» de ne pas profiter des bas taux d'intérêt et du bas ratio dette-PIB pour emprunter maintenant et investir.

«Nous avons l'espace fiscal nécessaire. Le temps d'investir, c'est maintenant», a-t-il dit à l'émission matinale de Global TV en Colombie-Britannique.

Pour ce qui est d'expliquer un déficit trois fois plus important que promis pendant la campagne électorale, il s'en est remis à la situation économique, au bas prix du pétrole.

«On avait à peu près 10 milliards $ d'investissements à faire dans l'économie. Avec l'économie qui s'est détériorée, le point de départ, ce n'est pas autour de l'équilibre budgétaire, c'est à presque moins 20 (...), alors on ajoute 11 milliards $ de nouvelles dépenses (...) ce qui fait un déficit de presque 30 milliards $», a-t-il justifié.

L'opposition conservatrice ne se laisse pas convaincre.

À son arrivée au parlement mercredi matin, le député Gérard Deltell est tombé à bras raccourcis sur le gouvernement libéral et son déficit.

«Désolé, mais tant M. Morneau que M. Trudeau n'ont aucune crédibilité quand vient le temps de parler de retour à l'équilibre budgétaire ou de tout petit déficit. Ils l'ont démontré de façon insultante pour l'intelligence publique, hier», a lancé le député.

De son côté, le Bloc québécois a fait preuve de retenue avant de se lancer dans la surenchère.

«Ce budget-là creuse un déficit quand même important. Je suis de ceux qui pensent que ce n'est pas dramatique comme situation. (...) Ce n'est pas la fin du monde. Mais c'est quand même un pas vers la fin du monde», a offert Rhéal Fortin, chef par intérim du Bloc.