Le premier ministre Justin Trudeau affirme que le premier budget que son gouvernement déposera mardi à la Chambre des communes contiendra des « investissements historiques » dans les communautés autochtones au pays afin de corriger une situation inacceptable qui dure depuis trop longtemps.

Alors que certaines communautés autochtones n'ont pas accès à une source d'eau potable et qu'il existe un écart important entre les dépenses fédérales en éducation pour les jeunes autochtones et les dépenses des provinces dans ce même domaine, M. Trudeau a clairement fait savoir lundi aux Communes que son gouvernement entend donner un sérieux coup de barre « pour rétablir les relations entre Ottawa et les peuples autochtones.

« Le budget de demain (mardi) comportera des investissements historiques dans les Premières nations et les peuples autochtones d'un bout à l'autre du pays afin de commencer à corriger une situation, une chose que nous n'avons pas faite pendant plusieurs décennies ici, dans cette enceinte », a affirmé M. Trudeau.

Au cours d'une brève mêlée de presse avant la période de questions, le premier ministre a affirmé que son gouvernement entend respecter ses promesses électorales, même si cela risquait d'entraîner un déficit plus important que ce que les libéraux avaient évoqué en campagne électorale.

Durant la campagne, le Parti libéral avait promis des investissements importants dans les infrastructures, quitte à engendrer des déficits « modestes » de 10 milliards de dollars durant les deux premières années, afin de soutenir la croissance de l'économie canadienne. Les libéraux s'engageaient aussi à rétablir l'équilibre budgétaire en 2019-2020.

Or M. Trudeau et son ministre des Finances, Bill Morneau, ont confirmé que le déficit sera largement supérieur à 10 milliards de dollars. Il pourrait être trois fois plus important en raison du ralentissement de l'économie et des promesses coûteuses faites par les libéraux.

À ce sujet, la leader intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, a accusé lundi aux Communes M. Trudeau d'avoir perdu le contrôle des finances publiques.

« La journée de demain s'annonce déjà très dispendieuse pour les Canadiens. Quand il s'agit de dépenser l'argent des autres, les libéraux ne peuvent tout simplement pas s'arrêter. Ils vont emprunter des milliards de dollars. Et ils n'ont pas de plan pour rembourser cet argent, sauf en augmentant les taxes et les impôts des Canadiens qui travaillent fort », a lancé Mme Ambrose.

M. Trudeau a répondu que son plan avait été endossé par les Canadiens durant la dernière campagne électorale.

« Pendant la campagne électorale, nous avons mis de l'avant un plan pour investir dans nos communautés, pour aider la classe moyenne et pour créer de la croissance économique. D'ailleurs, c'est exactement ce que la communauté d'affaires et les économistes au niveau international et, ici, au Canada disent que le gouvernement canadien devrait faire. Alors, nous sommes alignés non seulement avec les Canadiens, mais aussi avec les experts qui disent que c'est le moment propice pour investir dans notre avenir et pas un moment pour couper dans les services qu'on offre aux Canadiens. C'est ce qui va créer la croissance économique et c'est ce qu'on va livrer demain », a-t-il affirmé.

Pour sa part, le chef du NPD, Thomas Mulcair, a indiqué qu'il ne s'oppose pas à l'idée de voir le gouvernement fédéral présenter un budget déficitaire, comme il l'avait fait en campagne électorale, dans la mesure où les investissements qui seront faits permettent de soutenir les Canadiens qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts.

« Je m'attends d'abord et avant tout à ce que le gouvernement aide les Canadiens qui sont en difficulté en ce moment.  Je voyage à travers le pays depuis des mois, que ça soit à Saskatoon dernièrement où j'ai vu qu'il y avait des milliers de personnes sans emploi ou encore la semaine dernière j'étais à Edmonton et j'ai rencontré des familles qui sont en train de perdre leur maison. Alors le Premier ministre a fait des promesses très claires sur l'assurance-emploi.  Aujourd'hui, il a dit qu'il allait tout faire.  Alors ça inclut la règle des 360 heures, renverser l'ensemble des décisions nocives des conservateurs et protéger le fonds d'assurance-emploi.   S'il fait ça, moi, je vais être le premier à le féliciter », a-t-il dit.

« Donc c'est pas tellement une question de déficit, pas déficit.  C'est une question de savoir ce qu'on va faire pour aider les gens et respecter les promesses », a-t-il ajouté.