L'émotion était à son comble en Chambre, mercredi, les députés tentant sans succès de retenir leurs larmes en voyant leur collègue Mauril Bélanger réaliser un rêve.

Le député libéral, qui avait dû faire une croix sur son rêve d'accéder à la présidence des Communes pour des raisons de santé, présidait la séance de mercredi à titre honorifique.

Son courage face à l'adversité a été largement salué, les députés bondissant de leur siège à plus d'une reprise pour l'ovationner.

Le premier ministre Justin Trudeau et de nombreux autres députés ont versé des larmes en voyant leur collègue installé sur le fauteuil du président.

La chef de l'opposition, Rona Ambrose, a dit à M. Bélanger que cette place lui seyait à merveille et elle l'a félicité d'avoir réussi à garder l'ordre en Chambre, ce qui n'est pas un mince exploit.

L'élu d'Ottawa-Vanier a dû se retirer de la course à la présidence en novembre dernier après avoir appris qu'il était atteint de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie dégénérative incurable.

Ses collègues avaient adopté quelques jours plus tard une motion unanime visant à lui permettre d'occuper pour un jour le poste de président honoraire des Communes.

Quelques heures avant le début de la séance de mercredi, le premier ministre Justin Trudeau a tenu à saluer la contribution de son «ami», un «grand parlementaire» et «un homme de compassion».

«C'est un ami, et je suis très content qu'on va pouvoir lui donner cet honneur aujourd'hui malgré les circonstances évidemment assez tristes», a-t-il ajouté.

Mauril Bélanger, qui est député depuis 21 ans, avait décidé de consulter un médecin lorsqu'il a commencé à perdre la voix à l'automne dernier. Le diagnostic est tombé en novembre.

Il a depuis perdu l'usage de la parole et une partie de sa motricité, mais pas sa détermination, a-t-il assuré mardi à des journalistes dans son bureau de l'édifice du Centre du parlement.

À l'entrée des réunions de caucus, mercredi matin, tous les députés croisés dans les couloirs du parlement ont tenu à témoigner du grand respect qu'ils ont pour leur collègue.

«C'est d'une tristesse inouïe (...) J'ai beaucoup de respect pour M. Bélanger. Je trouve ça triste la situation qu'il vit. Il mérite notre respect», a laissé tomber le chef du Bloc québécois, Rhéal Fortin.

«Mauril est un mentor. J'ai beaucoup travaillé avec lui, il est un grand ami, et je pense que c'est quelque chose de vraiment spécial», a pour sa part offert la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, qui représente aussi une circonscription d'Ottawa.

«Il a travaillé tellement fort pour les femmes, il a travaillé vraiment fort pour la communauté francophone. Je pense que c'est un honneur qu'il mérite», a-t-elle enchaîné.

L'engagement de Mauril Bélanger en matière d'égalité homme femme s'incarne notamment dans un projet de loi d'initiative parlementaire qu'il a remis de l'avant dès les premiers jours de la nouvelle législature.

Le projet de loi C-210 vise à remplacer les mots «thy sons» par «of us» dans la version anglaise de l'hymne national du Canada pour éliminer toute distinction de genre.

La députée libérale Joyce Murray dit espérer «que nous pourrons l'adopter avec Mauril qui mène toujours la charge».

Car «on veut un hymne national qui parle aux femmes et aux hommes également. Ce n'est pas un grand changement, et j'encourage tous les députés à l'appuyer», a-t-elle ajouté.