Trois jours avant les élections fédérales du 19 octobre 2015, l'ancien ministre de la Sécurité publique Steven Blaney semblait reconnaître que le règne du gouvernement conservateur de Stephen Harper tirait à sa fin.

En effet, M. Blaney a accédé à une demande des hauts dirigeants de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de prendre les moyens qui s'imposent afin d'assurer la protection du premier ministre désigné, en l'occurrence le chef du Parti libéral du Canada Justin Trudeau, sa femme Sophie Grégoire et leurs trois enfants, révèlent des documents du ministère de la Sécurité publique obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

M. Blaney avait reçu une demande d'autorisation de la GRC le 9 octobre 2015. Il a finalement signé l'autorisation le vendredi 16 octobre, soit trois jours avant le scrutin national, et confirmé le tout dans une lettre envoyée au commissaire de la GRC, Bob Paulson.

«Comme recommandé le 9 octobre 2015 par la Gendarmerie royale du Canada, je désigne par la présente le premier ministre désigné, sa conjointe et ses enfants comme des personnes ayant besoin des services de protection de la GRC durant la période de transition du gouvernement à la suite des élections fédérales du Canada de 2015», peut-on lire dans cette lettre rédigée en anglais et envoyée au commissaire Paulson.

«La GRC va déterminer l'ampleur et la nature de la protection requise en tenant compte du niveau de la menace», est-il aussi écrit.

Triomphe libéral

Au dernier scrutin, le Parti libéral du Canada a mis fin au règne des conservateurs, au pouvoir depuis 2006, en remportant 184 sièges. Le Parti conservateur a pour sa part récolté 99 sièges, tandis que le NPD a terminé la soirée électorale avec 44 sièges. Le Bloc québécois a quant à lui fait élire 10 députés, alors que le Parti vert a dû se contenter d'un seul siège encore une fois, remporté par la leader du parti Elizabeth May.

La dernière campagne électorale a duré 78 jours en tout, soit la plus longue depuis 1872. Au moment du déclenchement des élections, le 2 août, le Parti libéral était troisième dans les intentions de vote derrière le Parti conservateur et le NPD. Mais les libéraux de Justin Trudeau ont progressivement grimpé dans les sondages. Les électeurs semblent avoir été séduits par la bonne performance du chef libéral durant les débats et par le programme électoral du Parti libéral, qui promettait d'investir massivement dans les infrastructures au cours de la prochaine décennie, quitte à engendrer des déficits « modestes » de 10 milliards durant les deux premières années d'un mandat.

À trois jours du scrutin, la firme Nano Research accordait 36,5% des voix au Parti libéral contre 30,6% au Parti conservateur et 23,5% au NPD.

Le jour du vote, les libéraux ont recueilli 39,5 % des suffrages, les conservateurs, 31,9% et le NPD, 19,7%.

- Avec William Leclerc