Plus de 616 millions $ prévus pour la construction d'infrastructure n'ont pas été dépensés, à la fin de l'année fiscale 2014-2015. Le ministère en question précise toutefois qu'il ne dépense presque jamais tout son budget en un an.

Une grande partie de cet argent, soit environ 290 millions $, était destinée à des projets tels des usines de traitement des eaux usées, des réseaux de transport, des autoroutes nationales et des programmes d'énergies vertes qui aideraient à stimuler l'économie canadienne et à améliorer l'environnement.

En tout, le gouvernement fédéral a dépensé près de 3,1 milliards $ sur les infrastructures au cours de l'année fiscale qui s'est terminée le 31 mars 2015.

Ce retard des dépenses sur les grands projets d'infrastructure s'explique par le fait qu'ils prennent du temps à planifier et à réaliser, ce qui les rend plus vulnérables à des délais hors du contrôle du gouvernement, indique le rapport de performance annuel du ministère, déposé au Parlement à la fin de janvier.

Même les projets qui ont débuté à temps ne sont pas payés en temps réel. Ottawa signe les chèques seulement lorsque les villes et provinces soumettent leurs dépenses, une approche «de gestion des risques» qui assure qu'Infrastructure Canada ne paie que pour le travail accompli. De plus, le gouvernement doit prendre le temps de réviser les demandes de financement, ce qui retarde aussi la sortie de l'argent.

Les libéraux fédéraux sont bien conscients de cela depuis leur arrivée au pouvoir. Aussi sont-ils sur le point d'annoncer de nouvelles mesures pour accélérer le traitement des demandes, pour que l'argent destiné à son ambitieux programme d'infrastructure ne dorme pas dans les coffres en attente d'une approbation. Ils ont d'ailleurs déjà retiré l'obligation pour les villes et provinces d'évaluer le marché pour qu'un partenaire du secteur privé aide à défrayer les coûts des grands projets.

En campagne électorale, à l'automne 2015, le Parti libéral a promis d'augmenter les dépenses dans les infrastructures d'environ 6 milliards $ par année sur les 10 prochaines années. Cet argent supplémentaire devrait être divisé à parts égales entre les infrastructures de transport, «vertes» - comme les centres de traitement des eaux usées - et sociales - comme les logements abordables.

Le chef Justin Trudeau espère ainsi insuffler un peu de vigueur à l'économie canadienne. Une recherche du Conference Board du Canada soutient que chaque milliard de dollars dépensé dans les infrastructures rapporte 1,14 milliard $ et 16 700 emplois.

Les libéraux souhaitent déplacer tout l'argent des infrastructures non dépensé dans le Fonds pour la taxe sur l'essence, qui donne l'argent directement aux villes pour les aider à payer les routes, autoroutes, ponts, réseaux de transport public, et systèmes d'aqueduc et d'eaux usées utilisés quotidiennement par les Canadiens. Ils auront toutefois besoin du feu vert du Parlement pour procéder.