À l'instar de ses principaux alliés, le Canada compte lever sous peu les sanctions imposées contre l'Iran, a confirmé mardi le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion.

Cette décision va donc permettre aux entreprises canadiennes qui le souhaitent de brasser à nouveau des affaires avec ce pays du Moyen-Orient. Toutefois, le Canada n'a pas l'intention de rouvrir rapidement son ambassade à Téhéran, a indiqué le chef de la diplomatie canadienne.

« On va y aller étape par étape et ça c'est certainement pas la première étape. Il faut y aller par étape.  Les relations avec l'Iran doivent être rétablies seulement quand ça a du sens au point de vue des intérêts et des valeurs du Canada et ça doit être fait de façon très, très responsable et prudente », a affirmé M. Dion. 

Il y deux semaines, une bonne partie des sanctions de l'ONU, des Etats-Unis et de l'Union européenne qui étaient imposées à l'Iran depuis dix ans ont été levées après que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), un organisme des Nations unies, eut conclu que le régime iranien respectait l'esprit et la lettre des engagements pris en juillet 2015 auprès des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Allemagne.

« Il est vrai que les Nations unies demandent aux pays concernés de retirer les sanctions liées à l'accord conclu pour s'assurer que l'Iran n'utilise pas le nucléaire pour des raisons militaires. Le Canada retirera donc ces sanctions, mais ce que le Canada maintiendra, c'est une méfiance envers un régime qui ne doit pas retourner à l'armement nucléaire, qui est un danger pour les droits humains et qui n'est pas un ami d'alliés, notamment Israël. C'est donc avec les yeux ouverts que nous allons agir conformément aux Nations unies », a dit M. Dion aux Communes.

Le Parti conservateur a dénoncé l'intention du gouvernement Trudeau de lever les sanctions. Le député conservateur Tony Clement a fait valoir que le régime de Téhéran continue de financer des organisations terroristes à travers le monde et il a soutenu que le Canada devrait continuer de maintenir la ligne dure envers l'Iran.

Son collègue conservateur Peter Kent a soutenu que l'Iran est un « mauvais joueur » au Moyen-Orient et que le gouvernement Trudeau fait fausse route en voulant normaliser les relations diplomatiques

« L'Iran fournit de l'aide militaire au régime Assad en Syrie. Le chef suprême de l'Iran menace régulièrement de détruire Israël. Rouvrir notre mission diplomatique à Téhéran va mettre les employés canadiens de cet ambassade à risque », a-t-il dit.

Mais le ministre Dion a soutenu que la politique adoptée par l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper était « idéologique et irrationnel ».

« Ce qu'ils proposent maintenant qu'ils sont dans l'opposition, ce que nous soyons les seuls à imposer des sanctions. De quelle manière cela va affecter l'Iran ? Mais cela va surement affecter l'économie au Canada », a-t-il dit en point de presse.

La France a d'ailleurs commencé à récolter les fruits de la fin de l'isolement de Téhéran. En effet, l'Iran a signifié son intention d'acheter 114 Airbus dans la foulée de la levée des sanctions.

« La politique des conservateurs, ça aide Airbus, ça n'aide pas Bombardier.  Il faut bien comprendre ça. (...) Si Airbus peut le faire, pourquoi Bombardier ne pourrait-elle pas aussi le faire ? », a lancé le ministre Dion.