Apparemment, l'une des premières choses que fera le nouveau gouvernement libéral après la rentrée parlementaire pourrait bien être de dépenser l'argent d'un vieux fonds créé par son prédécesseur conservateur.

Le gouvernement majoritaire de Justin Trudeau retournera à la Chambre des communes, lundi, avec une longue liste de priorités à la suite d'une série de voyages internationaux postélectoraux.

Trois mois après que les électeurs canadiens eurent mis un terme à près d'une décennie de règne conservateur, les sondeurs soutiennent que la fusée libérale n'est toujours pas redescendue sur terre.

Même la perspective d'un long et froid hiver à Ottawa à subir quotidiennement les tirs répétés de l'opposition au Parlement n'a pas réussi à miner l'enthousiasme des libéraux.

«Non, pas du tout. Le privilège d'avoir gagné les élections est de pouvoir présenter un ordre du jour ambitieux qui a frappé l'imagination des Canadiens, un ordre du jour qui, selon nous, est responsable et transformateur», a déclaré Dominic LeBlanc, le leader parlementaire du Parti libéral aux Communes, dimanche, à la sortie d'une rencontre du caucus sur la colline parlementaire.

Cet ordre du jour comprend, entre autres choses, l'amélioration des relations tumultueuses entre la Couronne et les autochtones, l'obtention de l'approbation des provinces pour l'établissement d'un prix national du carbone, la refonte du système électoral, la révision du modèle de financement du système de santé, la légalisation de l'aide médicale à mourir, la réforme du processus de nomination au Sénat et la fin de la mission de frappes aériennes en Irak et en Syrie.

À ces impressionnantes priorités tirées de la plateforme électorale libérale s'ajoute une économie canadienne mise à mal par la chute des prix du pétrole et du huard.

Tout comme le premier ministre au Forum économique mondial à Davos, M. LeBlanc a continué, dimanche, à faire preuve d'un optimisme inébranlable.

«Notre position est très enviable et les Canadiens peuvent, selon moi, être assurés que leur gouvernement sera assidu et méticuleux dans la mise en place des engagements pris durant la campagne électorale», a soutenu le député du Nouveau-Brunswick.

Étant donné la situation économique, augmenter les investissements en matière d'infrastructures figure au sommet de la liste des priorités. Le ministre des Infrastructures, Amerjeet Sohi, a révélé avoir déjà entamé des discussions avec les provinces au sujet de la manière d'allouer les 10 milliards $ du Nouveau Fonds Chantiers Canada, qui avait été créé par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Dans le cadre de leur promesse électorale de dépenser 60 milliards $ sur 10 ans, les libéraux se sont engagés à débourser 20 milliards $ au cours des deux prochaines années pour les infrastructures, dont la moitié a déjà été prévue par les conservateurs. M. Sohi a indiqué qu'il ne songeait pas à réviser l'échéancier pour les nouveaux fonds afin d'en accélérer la distribution, ce qui ne pourra pas être fait avant le dépôt du budget, probablement au début du mois de mars. Par contre, il a signalé vouloir immédiatement délier les cordons de la bourse en ce qui concerne les fonds existants.

Si les libéraux semblent confiants par rapport aux défis qui les attendent, c'est peut-être parce qu'ils ont parlé aux sondeurs.

L'appui au Parti libéral a explosé après le scrutin du 19 octobre et demeure élevé en dépit des mauvaises nouvelles économiques, a annoncé Frank Graves de la firme Ekos Research. Selon les sondages d'Ekos, la confiance des Canadiens par rapport au gouvernement fédéral a atteint son point le plus élevé depuis Jean Chrétien en 2001.

«Il y a une certaine inquiétude en ce qui a trait à l'économie, mais aussi beaucoup d'optimisme relativement aux cinq prochaines années ou à l'avenir à moyen terme, a expliqué M. Graves. Les gens ont l'impression d'avoir fait un pari à plus long terme avec cette dernière élection.»