Le ministère des Affaires étrangères surveille étroitement toutes les exportations militaires du pays, mais ne réévaluera pas la décision controversée d'autoriser la vente de véhicules blindés légers à l'Arabie saoudite, a appris La Presse Canadienne.

Un responsable gouvernemental, parlant sous le couvert de l'anonymat car n'étant pas autorisé à discuter de ces enjeux publiquement, a souligné que le Canada comptait des leviers en vertu du programme des permis d'exportation pour stopper ou suspendre certaines exportations.

Mais ce responsable a indiqué que le Canada n'envisageait «catégoriquement» pas de suspendre la vente, pour 15 milliards $, des véhicules LAV3 faits en Ontario à l'Arabie saoudite, et s'attardait plutôt à surveiller étroitement les futures exportations.

Il a expliqué que les licences d'exportation étaient évaluées en fonction de l'information disponible de diverses sources. Si la situation dans un pays change, le gouvernement en exercice a à sa disposition un «important levier» en vertu de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation, qui lui permet de réévaluer l'envoi de matériel militaire dans un pays en particulier en fonction des intérêts de la Défense nationale et des Affaires étrangères.

Le précédent gouvernement conservateur a approuvé la vente des LAV3 à l'Arabie saoudite, et le gouvernement libéral actuel ne compte pas revenir sur la décision.

Des organisations, dont Amnistie internationale, appellent le Canada à suspendre la vente, soutenant que ces véhicules blindés légers pourraient être utilisés par le gouvernement saoudien pour écraser ses opposants au sein de la population.

Affaires mondiales Canada révise son plus récent examen des droits de la personne en Arabie saoudite, avec l'intention d'en publier une version caviardée protégeant l'identité de sources qui risqueraient autrement de subir des représailles.

«Si nous devions être au fait d'informations pertinentes au programme de surveillance des exportations du Canada, le gouvernement pourrait évaluer si les licences existantes devraient être suspendues ou annulées, et prendre en considération ces informations pour toutes délivrances de licences à l'avenir», a dit par communiqué Adam Barratt, porte-parole du ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion.

Le porte-parole adjoint conservateur en matière d'affaires étrangères, Peter Kent, a déclaré que les «contradictions» inhérentes aux liens avec l'Arabie saoudite empêchaient les relations diplomatiques d'être «nettes» et «parfaitement» en accord avec les «principes».

«Leur manque de respect des droits de la personne est déplorable. Mais le pays compte ses propres problèmes de sécurité intérieure concernant (le groupe État islamique) ou des groupes terroristes cherchant à renverser l'État saoudien», a fait valoir M. Kent.