C'est en revenant à ses valeurs traditionnelles que le Nouveau Parti démocratique (NPD) compte faire le plein d'appuis.

Thomas Mulcair a tenté de fouetter ses troupes, mardi, en affirmant que le NPD doit aller de l'avant en poussant sa vision progressiste et en la présentant de façon efficace aux Canadiens.

«Je suis ici pour dire que nous n'abandonnerons pas la vision social-démocrate du Canada. Nous n'allons pas perdre de vue qui nous sommes et pour qui nous nous battons», a-t-il lancé à ses députés réunis en caucus pour deux jours à Montebello.

Le chef néo-démocrate a dressé une longue liste des enjeux qui lui sont chers, de la lutte contre les changements climatiques en passant par celle contre la pauvreté, mais aussi contre la privatisation des soins de santé. Le NPD en a particulièrement contre la loi 20 du gouvernement libéral de Philippe Couillard sur les frais accessoires en santé au Québec.

«C'est une loi qui entre en confrontation directe avec le principe d'universalité», a-t-il insisté, ajoutant que sa formation allait demander à la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, d'intervenir.

Il a admis que les résultats des dernières élections ont été décevants.

«Ça, c'est une évidence», a-t-il lancé. Mais il ne faut pas perdre de vue les batailles qu'il reste à mener. «Parce que tant qu'il y aura des inégalités, il y aura du travail à faire», a-t-il soutenu.

Unis derrière le chef

Sa formation a perdu beaucoup de plumes aux élections d'octobre. Son nombre de sièges aux Communes a chuté de 95 à 44. Depuis, quelques voix ont fait entendre leur mécontentement dans les médias. La députée provinciale ontarienne Cheri DiNovo a carrément réclamé la tête de M. Mulcair, alors que l'ex-députée de Gatineau, Françoise Boivin, a critiqué la réaction de l'entourage de M. Mulcair durant la crise du niqab.

À Montebello, aucun élu n'a toutefois voulu jeter de pierre à M. Mulcair.

«Je pense que vous avez vu aujourd'hui un caucus uni, solide, dynamique, enthousiaste derrière son chef et enthousiaste à défendre les valeurs sur lesquelles on a été élus», a soutenu Alexandre Boulerice, le lieutenant québécois de M. Mulcair.

Le député britanno-colombien Nathan Cullen, souvent perçu comme un éventuel candidat dans une future course au leadership, a voulu écarter tout malentendu et a clairement signifié qu'il n'avait aucunement l'intention de remplacer M. Mulcair. «Je suis content avec M. Mulcair et je suis content avec son leadership aussi», a-t-il tranché.

On verra en avril si la base militante néo-démocrate croit que M. Mulcair est toujours l'homme de la situation, puisqu'il devra alors se soumettre à un vote de confiance au congrès du parti, à Edmonton. Il a assuré en conférence de presse lundi être bien en selle à la tête de son parti.

Problème de communication

D'ici ce congrès, il reste beaucoup de travail à abattre, puisque le parti veut se pencher sur ce qui s'est mal passé le 19 octobre dernier.

Interrogés sur ce qui avait fait défaut durant la campagne, plusieurs députés ont laissé entendre que le problème n'était ni le message - la plateforme - ni le messager - M. Mulcair lui-même. C'est plutôt la diffusion du message qui aurait été déficiente.

«Nous avions de bonnes politiques, mais visiblement, les gens ne les ont pas entendues», a avancé Paul Dewar, qui a perdu sa circonscription d'Ottawa-Centre aux mains des libéraux. Avec la présidente du parti, Rebecca Blaikie, il a été mandaté pour faire une analyse détaillée de la défaite. Ses conclusions sont attendues avant le congrès.

«Nous avons fait campagne sur une plateforme extrêmement progressive. La question est: l'avons-nous vendue comme une plateforme progressiste», a renchéri le nouveau président du caucus, Charlie Angus.

La position du parti sur le port du niqab aux cérémonies de citoyenneté a bien sûr été un point tournant de la campagne néo-démocrate.

«Le niqab, c'est sûr que ça a créé une onde de choc. C'est clair que ça a été un facteur. Cela n'a pas été le seul facteur, par contre», a admis M. Boulerice.

Pour le député de Rosemont - La-Petite-Patrie, les néo-démocrates ont été capables de convaincre les électeurs qu'il fallait tourner le dos aux conservateurs de Stephen Harper, mais incapables de les persuader de voter pour eux. «Est-ce que la campagne de M. Trudeau a été capable de créer plus d'enthousiasme, été plus dynamique que la nôtre?», s'est-il demandé.